L'Algérie, frappée par de nouvelles secousses, subit depuis le séisme du 21 mai les attaques multiples d'Islamistes armés qui profitent de l'anarchie sécuritaire pour piller et tuer. Une famille entière a été décimée lundi soir. Mercredi, plusieurs journaux algériens sont revenus sur le terrible massacre survenu dans la nuit de lundi à mardi dans la wilaya de Chlef, à l'ouest d'Alger. Quatorze membres d'une même famille, dont l'âge varie entre 1 et 72 ans, ont été attaqués dans leur maison par un groupe d'une quinzaine d'islamistes équipés de tenue militaire. Le drame s'est produit aux alentours de 23 heures au douar Aïn Soltane, commune de Tajenat, située à 48 kilomètres au nord-est de Chlef. Selon Le Matin, « les terroristes ont réussi à tromper la confiance » du père de famille « pourtant armé, qui leur a ouvert la porte de la demeure, pensant qu'il s'agissait de vrais militaires ». Ils ont ensuite fait usage de leurs armes automatiques et d'armes blanches « afin d'achever les blessés » rapportait le quotidien, précisant que 6 des 14 victimes étaient des enfants. Ce nouveau massacre est intervenu au moment où l'armée a dû ralentir ses opérations de ratissage lancées depuis près de deux semaines dans plusieurs régions du pays. Comme les autres forces sécuritaires, les militaires ont été réquisitionnés dans les zones sinistrées par le tremblement de terre survenu dans la soirée du 21 mai, dans l'Algérois, plus à l'est. Les islamistes sont certainement des membres du GIA ou affiliés puisque ce groupe est traditionnellement actif dans l'Ouest algérien et qu'il s'en prend presque toujours de façon particulièrement sanglante aux civils, contrairement au GSPC, implanté dans l'Est et axé sur les opérations anti-sécuritaires. Dans la nuit de samedi à dimanche dernier, la wilaya de Chlef avait déjà été le théâtre d'une série de tueries, à Aïn M'rane. La première cible avait été une école coranique où 3 élèves avaient été égorgés et un autre criblé de balles. Les islamistes s'en étaient ensuite pris à une famille résidant tout près de l'établissement : une femme sexagénaire et ses deux enfants avaient été assassinés. Quant au Groupe salafiste pour la prédication et le combat, il n'est pas resté inactif depuis une semaine. « Voulant sans doute démontrer leurs capacités de nuisance et accentuer la psychose des centaines de milliers d'habitants dans les localités fortement ébranlées (…), les factions islamistes de Hassan Hattab se sont manifestées encore, durant ces deux derniers jours, notamment à l'est de Boumerdès » commentait Le Matin mercredi. Les membres du GSPC ont multiplié les faux barrages et opéré des incursions dans les villages. Ils ont ainsi volé des vivres et des médicaments destinés aux populations sinistrées. Toujours dans l'Est, l'armée avait pu déjouer un attentat à la bombe au lendemain du séisme à Sidi Daoud, et deux attaques islamistes vendredi à Baghlia. Et, alors que tous les disparus n'ont pas encore pu être sortis des décombres dans plusieurs localités de la région de Boumerdès, deux importantes secousses ont encore été enregistrées mardi soir et mercredi matin. Ces répliques ont été respectivement évaluées à 5,8 et 5,2 sur l'échelle de Richter, par le Centre algérien de recherche en astrophysique, astronomie et géophysique (CRAAG). La première a fait plus de 200 blessés à Boumerdès, Thénia, Alger, et à Zemmouri, l'épicentre, selon le ministre de l'Intérieur, Mohamed Kendil. La radio d'Etat a aussitôt appelé la population « à ne pas céder à la panique ». L'effondrement de nouveaux immeubles, notamment à Boumerdès, a pourtant entraîné une psychose générale chez les habitants qui n'ont, pour la plupart, toujours pas regagné leur foyer. Plusieurs dizaines de répliques ont frappé l'Algérie depuis le premier séisme de magnitude 6,8, un phénomène naturel qui devrait progressivement disparaître selon le CRAAG.