Les deux étaient des amis qui ne jouissaient pas d'une bonne réputation au quartier, qui se soûlaient et se droguaient presque quotidiennement et qui se bagarraient de temps en temps. Ce jeune de trente-deux ans se disculpe dès l'ouverture de son affaire de coups et blessures ayant entraîné la mort sans l'intention de la donner et qui doit être débattue par la chambre criminelle près la Cour d'appel de Casablanca. La salle d'audience est archicomble. La majorité de l'assistance est issue du quartier où demeure le mis en cause qui continue de rejeter l'accusation qui lui a été attribuée par le parquet général. Le président de la Cour lui rappelle qu'il est accusé d'avoir maltraité violemment son voisin lors d'une soirée bien arrosée, lui précise qu'il a déjà reconnu ses actes criminels lors de son interrogatoire par les éléments de la police judiciaire et lui affirme que les témoins l'ont mis en cause. Et pourtant, il continue de clamer son innocence. L'un des témoins précise que le mis en cause, un drogué et repris de justice, n'était pas dans un état normal quand il a poignardé son voisin. Ce témoin de cinquante-et-un ans ajoute que la victime était également un soûlard qui était en compagnie de son meurtrier en train de s'enivrer. Un autre témoin, un jeune de vingt-et-un ans, précise que les deux étaient des amis qui ne jouissaient pas d'une bonne réputation au quartier, qui se soûlaient et se droguaient presque quotidiennement et qui se bagarraient de temps en temps. Le mis en cause traite, devant la Cour, les témoins d'ennemis qui souhaitent depuis toujours qu'il soit derrière les barreaux en ajoutant que l'occasion s'est présentée à eux pour exaucer leur vœu. Toutefois, il n'explique pas à la Cour pour quelle raison il a avoué son crime devant la police et le procureur général et s'est disculpé devant le juge d'instruction et la Cour. Celle-ci l'a jugé coupable et l'a condamné à quinze ans de réclusion criminelle.