Nous sommes à la chambre criminelle près la Cour d'appel de Casablanca. La salle d'audience est archicomble. Ahmed se tient dans le box des accusés. Il est poursuivi pour homicide volontaire avec préméditation et guet-apens et consommation de la drogue. Mais, il nie tout en bloc. Il affirme que la victime, qui était son ami, est tombée et a rendu l'âme. «Il était ivre-mort, M. le président, il n'arrivait pas à tenir sur ses jambes», précise-t-il. Mais, ce n'est pas ce qu'il avait confié aux enquêteurs de la police judiciaire lors de son interrogatoire. «Il m'a trompé avec ma copine», avait-il justifié son crime. Ils étaient tous les deux dans sa chambre. Ils se soûlaient, se droguaient, bavardaient, causaient… Tout d'un coup, il l'a frappé à la tête avec un marteau. «J'ai déjà mis le marteau près de moi. J'avais l'intention de me venger», avait-il précisé aux enquêteurs de la PJ, un mobile qu'il rejette maintenant devant la Cour. «Je n'ai rien dit à la police. J'étais sous le choc. Je n'arrivais pas à croire à la perte de mon ami. J'ai gardé le silence», explique-t-il devant les trois magistrats de la Cour. Mais, dans le procès-verbal, on lit qu'il avait préparé son coup, qu'il avait tout prévu pour se venger, qu'il n'a pas pu supporter être trompé par son ami au point qu'il avait décidé de le liquider. Ahmed, âgé de trente-six ans, célibataire, niveau d'études primaire, repris de justice, affirme devant la Cour qu'il n'avait avoir pas de copine, ni de maîtresse. Certes, les enquêteurs ne sont pas arrivés à identifier la fille qui pouvait être sa maîtresse. Mais, il leur avait avoué, selon le procès-verbal, que ses amis lui ont confié que son ami, Saïd, âgé de trente-et-un ans, le trompait avec sa maîtresse qui le rejoignait chez lui. Depuis, il a décidé de se venger de son ami et non pas de sa maîtresse. Le médecin légiste atteste, dans son rapport, que la blessure qui était au niveau de la tête de la victime semble être le fruit d'un coup asséné par un objet en fer. Une conclusion qui confirme les déclarations du mis en cause faites devant la police judiciaire. Verdict : Quinze ans de réclusion criminelle.