Âgé de 31 ans, Ahmed a déjà deux meurtres sur le dos. Le premier lui a coûté 30 ans de réclusion criminelle. Sans purger la totalité de sa peine après avoir bénéficié de la grâce royale, il a commis un second meurtre. Il n'a pas cru ses yeux. Un cadavre ? Ce jeune homme s'est planté, ce matin du lundi 16 novembre, à sa place quand il l'a vu. Il ne savait quoi faire. Un autre jeune homme l'a rejoint et lui a proposé d'alerter la police. Nous sommes à la ville ocre, Marrakech, tout près du pont situé au quartier Aïn Itti. C'était le matin du lundi 16 novembre. La police judiciaire de la sûreté de la ville s'est dépêchée sur les lieux. Elle a trouvé le corps d'un jeune homme, gisant dans une mare de sang, présentant un coup d'arme blanche au niveau du cœur. Le chef de la brigade a remarqué que bien que la victime ne bougeait plus, elle était encore en vie. Un élément de la brigade a pris l'initiative d'appeler la protection civile. Il a demandé à son interlocuteur de se dépêcher rapidement sur les lieux parce que la victime est encore en vie. Pas moins de dix minutes plus tard, l'ambulance de la protection civile est arrivée. La victime a été transportée à l'hôpital Ibnou Toufaïl. À ce moment précis, le chef de la brigade s'est adressé directement au jeune homme qui a découvert le cadavre et le second qui les a alertés. En fait, tous les deux n'avaient aucune information susceptible d'aider l'enquête à avancer. Alors qu'il essayait d'identifier la victime en recourant aux témoins, le chef de la brigade a reçu un appel téléphonique de l'un des ambulanciers: «La victime a rendu l'âme». D'un délit de coups et blessures, l'affaire est devenue un meurtre avec des coups et blessures ayant entraîné la mort sans l'intention de la donner. Qui a commis ce crime ? Et pourquoi? Mais, il faut rapidement identifier la victime. C'est une tâche qui n'a pas duré longtemps pour être accomplie. Il s'agit d'un repris de justice, âgé de trente-quatre ans, sans profession, célibataire. Tout le monde à Aïn Itti le connaissait. Les témoignages recueillis par les enquêteurs ont confirmé que le défunt accompagnait souvent un certain Ahmed, âgé de trente et un ans, célibataire, qui a été condamné à trente ans de réclusion criminelle pour homicide volontaire avec guet-apens et préméditation. Seulement, sans purger la moitié de la peine, il a bénéficié de la grâce royale. La machine policière s'est mise en branle pour arrêter ce repris de justice. S'agit-il du mis en cause impliqué dans ce meurtre ? Pour avoir le cœur net, les enquêteurs ont accéléré les recherches. Pas moins de quelques heures plus tard, Ahmed a été arrêté au marché de volailles, situé près du pont de Bab Lakhmis. «J'étais en compagnie du défunt…», a-t-il affirmé. Ils étaient tous les deux près du pont jouxtant le quartier Aïn Itti. Ils se soûlaient. Tout d'un coup, le défunt a reproché à Ahmed d'avoir entretenu une relation amoureuse avec sa maîtresse. - «Elle ne veut plus de toi et elle m'a proposé d'être son amant». - «Non, c'est toi qui l'a détournée pour qu'elle me tourne le dos et se jette dans tes bras. Tu dois la quitter». - «Oublie cette fille et ne pense plus à elle. Elle est à moi». Aussitôt, le défunt a brandi un couteau, tentant de blesser Ahmed. Celui-ci a reculé de quelques pas. «Tu n'es pas à la hauteur pour jouer avec des couteaux surtout que je viens de sortir de prison», a menacé Ahmed le défunt tout en tenant un couteau entre ses doigts. Comme un monstre, Ahmed l'a attaqué pour lui enfoncer le couteau au niveau du cœur. «Je n'avais pas l'intention de le tuer. Il était mon ami», a-t-il affirmé aux enquêteurs. Le lundi 19 novembre, le mis en cause a été traduit devant la chambre criminelle près la Cour d'appel à Marrakech.