A Casablanca, Abdelkrim a tué son meilleur ami, Saïd, pour avoir osé regarder sa sœur. La Cour d'appel l'a condamné à dix ans de réclusion criminelle. Abdelkrim n'en revient pas. Il n'arrive pas encore à croire qu'il a pu tuer son ami intime, Saïd. Lors de sa comparution, en ce jour du mois d'avril pour la seconde fois, devant les magistrats de la chambre criminelle près la Cour d'appel de Casablanca, il a affirmée, en sanglotant : «Je ne voulais pas le tuer, M. le président. Saïd était mon meilleur ami…». Abdelkrim n'arrive pas à retenir ses larmes. Il a avoué avoir donné un coup de poing au visage de son ami. «Juste un seul coup M. le président…Je lui ai donné un seul coup au visage lorsqu'il m'a provoqué», a-t-il précisé à la Cour. Cependant, les témoins ont donné une autre version des faits. Ils ont attesté à la Cour qu'Abdelkrim a frappé violemment son ami en lui assenant plusieurs coups de poing et de pied. Saïd qui saignait n'a pas pu se relever. « Il lui a cogné la tête contre le mur avant de lui asséner des coups de poing, puis de pieds», a assuré l'un des témoins qui ont été convoqués par la Cour. Un deuxième témoin a précisé : « Ils se soûlaient depuis 15 h au seuil du quartier…De coutume, ils ne se battaient pas. Ils conversaient tout en s'enivrant…Mais je ne sais pas ce qui leur est arrivé ce jour ». Un troisième témoin a ajouté que : « Ni Abdelkrim ni Saïd n'était un délinquant ni des jeunes bagarreurs cruels…Ils sont deux amis qui se soûlaient de temps en temps au coin du Derb». La Cour s'est contentée de ces trois témoignages, contrairement à la police qui a interrogé une dizaine de témoins le jour du drame avant de traduire le mis en cause devant la justice. Tous les témoins ont déclaré que les deux amis s'enivraient de temps en temps au Derb, mais sans se bagarrer, sans provoquer de tapage nocturne et sans harceler personne. Personne ne sait d'ailleurs les raisons de leur dispute, qui a tourné au drame. Les deux familles demeurant au même quartier dans l'ancienne médina de Casablanca sont sous le choc. D'après le procès-verbal, nés au cours de la même année 1980, les deux amis ont grandi dans le même quartier. Ils étaient inscrits à la même école. Après l'échec de leurs études, ils se sont inscrits à la même branche au centre de formation professionnelle à savoir la menuiserie. Après avoir décroché leur diplôme, chacun a travaillé chez un menuisier pour enrichir son expérience. Ils sont devenus au fil du temps des professionnels affirmés et subviennent aux besoins de leurs familles. De temps en temps, ils se rencontraient pour passer un moment ensemble. En parlant de tout et de rien, ils passaient leur soirée à boire de l'alcool. Personne n'imaginait qu'un jour les deux amis se brouilleraient encore moins basculer dans la tragédie. La nuit du drame, les deux amis étaient dans un état d'ébriété avancé quand Abdelkrim a commencé à reprocher à Saïd d'avoir regardé sa sœur d'une manière peu respectueuse. «C'est elle qui m'a regardé», lui dit rétorque Saïd. Un comportement, estime Abdelkrim qui porte atteinte à son honneur et à leur amitié. « Il ne faut s'énerver que si tu me trouves en sa compagnie sur le même lit », lui lance Saïd, un peu provocateur. Il n'en fallait pas plus pour que Abdelkrim se mette en colère et devienne incontrôlable. Il a ainsi commencé à frapper son ami intime jusqu'à ce qu'il perde connaissance. Transporté aux Urgences, Saïd est passé de vie à trépas. Un acte jugé criminel par la Cour et qui a coûté à Abdelkrim 10 ans de réclusion criminelle.