A Casablanca, une bagarre entre deux amis a pris une tournure dramatique. L'un a tué l'autre à coups de couteau. Le tueur a été condamné à 10 ans de réclusion criminelle. «Je n'avais pas l'intention de tuer Abdelkrime». Un refrain répété sans cesse par le mis en cause, Rachid, devant les magistrats de la chambre criminelle, premier degré, près la Cour d'appel de Casablanca. Les témoignages des badauds, qui ont assisté au crime, le mettent en cause. Le prévenu tente d'influencer la Cour pour bénéficier des circonstances atténuantes « Les témoins interrogés par la police ont tous attesté que tu es rentré chez toi puis tu es revenu avec un couteau à la main », lui a dit le président qui feuilletait le dossier ouvert devant ses yeux. Rachid a gardé le silence en fixant le président de la Cour. Ce dernier continuait à examiner les documents et les photos du procès-verbal. Qui est Rachid ? Né 1980 Hay à Hassani à Casablanca, Rachid a quitté tôt les bancs de l'école, au niveau de l'enseignement primaire. Passant ses jours à rôder dans les rues, il a fait la connaissance d'Abdelkrime, son aîné de quatre ans. Ils sont devenus des amis inséparables. Cependant, personne n'a su pour quelles raisons ils se sont battus jusqu'à la mort. Les voisins sont restés bouche-bée quand ils les ont remarqués dans un état enragé. Qu'est-ce qui leur est arrivé ? Comme deux tigres qui se préparent à une guerre sans fin, les deux jeunes hommes se regardaient, les yeux emplis de haine. Deux gladiateurs qui ont fait peur à tout le monde au point que personne n'a osé intervenir. D'un coup de poing à l'autre, le duo avançait et les badauds reculaient. Le combat à coups de poing continuait. Les badauds assistaient au spectacle attentivement. À un moment donné, le round était à la faveur d'Abdelkrime. Ce dernier frappait fort son protagoniste. Rachid saignait et ne savait pas comment se défendre. Il est tombé. Abdelkrime a commencé à lui donner des coups de pieds. A ce moment-là, les badauds ont intervenu pour empêcher que l'irréparable se produit. Rachid n'a pas raté l'occasion. Il s'est enfui et est rentré chez lui. Tout le monde a pensé que ce dernier a jeté l'éponge. Et comme un héros, Abdelkrime s'est abstenu de rentrer chez lui. Tout d'un coup, Rachid est réapparu au quartier. Pourquoi ? Pour se venger ? Personne ne savait au juste. Et quand Abdelkrime l'a remarqué, il s'est jeté sur lui comme un chat sur une souris. Seulement, personne n'a remarqué que Rachid était armé d'un couteau bien aiguisé. Une arme blanche qui a percé juste la poitrine d'Abdelkrime qui a lancé un cri strident avant de tomber par terre. La police a été alertée et les recherches ont été lancées pour arrêter Rachid. Quant à Abdelkrime, il a été évacué vers les Urgences de l'hôpital Ibn Rochd où il a passé de vie au trépas. Où se trouvait Rachid ? Les policiers ont déployé tous leurs efforts pour le localiser. Mais en vain. C'est le lendemain, tôt, qu'il s'est livré à son plein gré à la police. «Je n'avais pas l'intention de le tuer… Il m'a frappé violemment...», a-t-il affirmé aux policiers qui ont passé toute une nuit à sa recherche. Pour quelle raison se sont-ils bagarrés ? «Abdelkrim était drogué et il a voulu abuser de moi», a déclaré Rachid. En pleine rue ? Rachid a précisé à la Cour qu'il lui a demandé de l'accompagner chez lui. Bizarre ! Il a précisé que le défunt ne lui a jamais fait une demande pareille. Pourquoi cette fois-ci ? Rachid n'avait pas de réponse. Après le réquisitoire du représentant du ministère public et la plaidoirie de son avocat, il est retourné au banc des accusés en attendant son jugement. Un jugement qui semble l'avoir bénéficié des circonstances atténuantes puisqu'il a été condamné uniquement à dix ans de réclusion criminelle.