Ce qu'il vient d'appeler désormais l'affaire Outita II est emblématique du Maroc nouveau qui se dessine depuis quelques années. Outita II est le nom d'une prison située à Sidi Kacem où les pensionnaires au nombre de plus de 300 ont tous en commun d'être des détenus condamnés dans le cadre de la loi-antiterroriste votée récemment par le Parlement marocain. Ce qu'il vient d'appeler désormais l'affaire Outita II est emblématique du Maroc nouveau qui se dessine depuis quelques années. Outita II est le nom d'une prison située à Sidi Kacem où les pensionnaires au nombre de plus de 300 ont tous en commun d'être des détenus condamnés dans le cadre de la loi-antiterroriste votée récemment par le Parlement marocain. Le ministre de la Justice, Mohamed Bouzoubaâ, vient de remettre au procureur du Roi près la Cour d'appel de Meknès le rapport d'enquête sur la situation qui prévalait dans cette prison. Ici, les prisonniers étaient tout simplement maltraités, se voyant déniés les moindres droits. Droit aux visites familiales, droit à la télévision, droit à la lecture, droit à une nourriture saine et droit à la promenade. Les victimes se sont manifestées récemment pour attirer l'attention sur les conditions de leur détention. Pour obtenir une amélioration de ces dernières, ils ont décidé, début décembre, de faire une grève de la faim qui a duré près de vingt jours. Cette action n'était pas vaine puisque les grévistes ont réussi à améliorer leur situation. Mais c'était sans compter avec l'esprit de vengeance des responsables d'Outita II qui s'étaient mis en tête de faire payer très cher aux détenus ce qu'ils ont considéré comme une rébellion. Ce sera alors le début de pratiques que l'on croyait révolues : abus, sévices, voire tortures. L'affaire transpire et arrive jusqu'aux organisations des droits de l'homme marocaines qui se sont mobilisées pour demander l'intervention du ministère de la Justice. Sans tarder, Mohamed Bouzoubaâ, homme de droit et de loi, ordonne une enquête sur les lieux. C'est la première fois au Maroc qu'un dossier d'atteinte aux droits de l'homme est traité de la sorte avec une fermeté exemplaire qui verrait les coupables répondre de leurs actes devant la justice. Un dérapage grave à rebrousse-poil de la dynamique politique actuelle et des progrès notables réalisés par le Maroc dans le domaine des Droits humains. Les geôliers d'Outita II n'ont pas apparemment bien compris la portée des témoignages de l'IER sur les années de plomb et assimilé la volonté des plus hautes autorités du pays de rompre avec les pratiques du passé. Le scandale d'Outita II rappelle aussi une autre réalité. Le combat pour le respect de la dignité humaine est une action de tous les instants et qu'il faut rester constamment vigilant pour éviter les manquements avilissants et dégradants pour l'homme. La vraie bataille pour le pays réside en fait dans sa capacité à prévenir les enfreintes aux droits de l'homme, d'enraciner cette culture dans la réalité et de pérenniser sa pratique à tout moment et en tout lieu : pas seulement dans les prisons mais aussi dans les commissariats. C'est pour cela que les sanctions des mis en cause d'Outita II doivent être exemplaires.