La grâce royale, accordée à 1111 prisonniers à l'occasion de l'Aïd Al Fitr, a bénéficié à 164 détenus condamnés dans des affaires de terrorisme. Amrine, présenté comme un kamikaze de réserve condamné à 30 ans de prison, fait partie du lot. Ce sont 164 personnes, condamnées dans la série de procès ayant suivi les attentats terroristes de Casablanca qui sont libres depuis vendredi dernier, jour de fête au Maroc. Ce groupe de personnes a bénéficié de la grâce royale accordée à un total de 1111 prisonniers à l'occasion de la célébration de l'Aïd Al Fitr. Chiffre confirmé par le ministère de la Justice, l'association «Annassir» (ONG de soutien aux détenus salafistes) continuait lundi 7 novembre 2005 de travailler d'arrache-pied pour boucler la liste de toutes les personnes graciées avec des informations précises sur le verdict énoncé contre elles et le lieu de détention. Un travail qui avance, déclare Abderrahim Mahtade, responsable de « Annassir » puisque cette association a réussi par ses propres moyens à cerner le cas de 137 personnes. Parmi les célèbres salafistes désormais libres de leur mouvement, arrive Abdellatif Amrine qui fait partie des premières personnes condamnées après le 16 mai 2003. Arrêté en juin de la même année, ce Casablancais de 27 ans répondant au pseudo de « Abu Hamza » et présenté comme ayant été un kamikaze de réserve, a été condamné à 30 ans de prison. Il a pu quitter la prison d'Oukacha où il souffrait les affres d'une grave maladie. En vertu de la même mesure de grâce, au moins deux membres du groupe « Assirat Al Moustakim » de Miloudi Zakaria ont été libérés et ont également pu quitter leurs cellules à Oukacha. Il s'agit de Abdelali Kricha, 31 ans et condamné à 10 ans de prison, mais aussi de Driss Boukheir. Les deux « repentis » sont natifs de Casablanca et figurent également parmi les premiers terroristes à avoir été condamnés après le 16 mai. Selon le tri élaboré jusque-là par «Annassir», et par lieu de détention, la prison de Salé arrive en tête avec 47 prisonniers libérés. La prison agricole d'Outita (région de Sidi Kacem) a vu sa population carcérale diminuer de 37 salafistes alors que 12 ont quitté Oukacha, 11 la prison d'El Jadida, 3 à Fès et autant pour Oujda, 9 à agadir et 6 à Meknès. Parmi les prisonniers graciés à Outita, on retrouve Abdelaziz Meftah condamné en septembre 2003 dans le cadre du procès du groupe Pierre-Robert du nom du ressortissant français ayant cherché à établir un émirat islamique au Maroc depuis les montagnes de Chefchaouen. Dans un communiqué, «Annassir» salue cette initiative positive qui fait que «les enfants des graciés retrouvent le sourire». Abderrahim Mahtade, dans une déclaration à ALM, a indiqué que son association envisage un sit-in, le 10 décembre prochain devant le siège du CCDH à Rabat. En attendant, des lettres, accompagnées de plaintes, sont en train d'être élaborées pour être adressées aux responsables à cette occasion. «Annassir» compte aussi tenir un sit-in devant le siège de la préfecture de Bernoussi pour exiger la délivrance d'un récépissé final. A l'occasion, pour rappel, de la commémoration de la Révolution du Roi et du Peuple et de l'anniversaire de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, les 20 et 21 août 2005, 77 détenus islamistes ont bénéficié de mesures de grâce royale. Parmi les graciés, figuraient notamment les soeurs Imane et Sana'e Laghriss. En 2004, 44 autres détenus islamistes ont été élargis en diverses occasions. Avec ces dernières mesures de grâce royale, le nombre global des islamistes libérés est de 285.