Les islamistes détenus dans le cadre de la loi antiterroriste observent une série de grèves de la faim pour protester contre leurs conditions de détention. Les chioukh de la Salafiya, détenus dans le cadre de la loi antiterroriste, principalement dans la prison de Kénitra, ont rendu public un communiqué, daté du 21 février 2005, dans lequel ils exhortent le directeur de l'Administration pénitentiaire de mettre un terme, "comme cela avait été convenu", au calvaire que subissent quotidiennement tous les détenus islamistes dans les prisons marocaines. "Signée par Mohamed Fizazi, cette lettre ouverte reflète l'opinion de tous les chioukh qui ont incontestablement une puissante influence sur l'ensemble des détenus islamistes", assure Abderrahmane Mouhtade, président de l'association Annassir, des familles des islamistes détenus dans le cadre de loi antiterroriste. Et pour cause, un autre communiqué signé par tous les autres prisonniers islamistes détenus à Kénitra a été rendu public une semaine après celui des chioukh. Son contenu va dans le même sens. Les chioukh ayant menacé d'observer une grève de la faim préventive si "un minimum de confort" n'est pas assuré aux détenus. Chose promise, chose due: "devant le silence des responsables du ministère de la Justice", les détenus ont entamé jeudi 3 mars une grève de la faim de 48 heures. En fait, ces derniers jours ont été ceux de la mobilisation générale des prisonniers islamistes. Leur organisation est, jour après jour, d'une efficacité étonnante. La coordination entre les différents groupes est quasiment parfaite. Afin de rapprocher les détenus de leurs familles, l'Administration pénitentiaire, dirigée par Mustapha Meddah, a entrepris un vaste mouvement de transfert des détenus séjournant dans la prison de Sidi-Kacem, Outita II. Selon le président de l'association Annassir, "le lundi 28 févier, 92 personnes ont été déplacées vers Salé, Fès, Aït Melloul (Agadir), Marrakech, Casablanca, Nador…". Le problème est que "tous les acquis accumulés à leur corps défendant à Outita II sont totalement absents dans les autres prisons", explique Mohtade, qui se demande si ce vaste mouvement de transfert ne soit en fait qu'une campagne de mutations-sanctions à l'égard des prisonniers qui ont dévoilé l'existence de graves exactions au sein du centre Outita II". Une enquête ordonnée par le ministre de la Justice, Mohamed Bouzoubaâ en personne, avait révélé l'implication du directeur et de plusieurs gardiens d'Outita II. En tout cas, la mobilisation des détenus est totale. "Lundi prochain, le 7 mars 2005, les 228 prisonniers islamistes de Salé vont observer une grève de la faim de 48 heures et qui sera certainement prolongée", souligne Mohtade. Cette grève de la faim viendra s'ajouter à celle déjà entamée, jeudi 3 mars, par les 31 détenus d'Outita II transférés vers la prison de Salé. Cependant, ces derniers cesseront de manger et de boire pour une période illimitée, jusqu'à ce que l'Administration de Mustapha Meddah réagisse positivement à leurs revendications. Dans cette ambiance lourde, l'état de santé de beaucoup de détenus se détériore à vue d'œil. "C'est le cas de Saïd Nekkach, qui attend d'être opéré (une opération à cœur ouvert), depuis une semaine dans l'hôpital Ibn Sina de Rabat. Autre situation catastrophique à Salé, celle du détenu Mohamed Fertakh, qui a complètement perdu la raison et dont la place n'est pas dans une prison civile, mais dans un asile psychiatrique.