La lecture faite par l'argentier du Royaume des agrégats macro-économiques laisse paraître une situation du pays plutôt saine : le taux de croissance est de 3,5 %. Selon lui, le Maroc ne sera soumis à aucune condition de la part du FMI. C'est un Fathallah Oualalou fidèle à son discours qui s'est livré, lundi 31 janvier 2005 à Rabat, à la lecture des performances de l'économie marocaine en 2004. Son travail « d'équilibriste » ne peut qu'être salué. La rhétorique de l'universitaire reste intacte. Mais surtout, en bon démocrate, il admet toute critique. Même quand il est interrogé sur le manque de visibilité de sa politique, l'incohérence de son discours et les promesses non tenues par son gouvernement, le ministre des Finances et de la Privatisation répond de manière pragmatique et sans détour. «Vous savez, la gestion de la chose publique n'accepte plus d'orthodoxie. Certaines décisions peuvent en chasser d'autres, ce qui peut donner le sentiment d'incohérence ou de promesses non tenues. Tout est affaire de priorité », a précisé l'argentier du Royaume. La lecture des agrégats macroéconomiques laisse paraître une situation du pays plutôt saine. Par ailleurs, le rapport établi par les services du FMI, à l'issue de sa mission effectuée en novembre dernier, appuie l'affirmation du ministre. « Je tiens à préciser que le Maroc a subi, jusqu'en 1993, une situation d'ajustement. Actuellement ne n'avons aucune relation, ni aucune conditionnalité, mais plutôt un partenariat renforcé avec le FMI », tient à notifier Fathallah Oualalou. Selon les chiffres du ministère des Finances, le Maroc a réalisé un taux de croissance de 3,5 % en 2004 et jusqu'à fin janvier 2005, permettant ainsi au Royaume de disposer d'un cadre macroéconomique sain et capable de résister aux chocs exogènes. Fathallah Oualalou a indiqué que cette performance est due essentiellement au secteur agricole, dont la production céréalière avait atteint 83 millions de quintaux, au BTP où les concours bancaires alloués au secteur ont progressé de 14,7 % à fin novembre 2004 et à l'industrie manufacturière, dont l'indice de production a augmenté de 2,5 % au terme du 1er semestre. Elle est due également au secteur minier, à la consommation d'électricité qui a augmenté de 7,1 %, ainsi qu'au secteur touristique qui a enregistré une progression de 18 % des nuitées et à la progression de 9 % du nombre de certificats négatifs délivrés. Au niveau de la demande, cette croissance, a dit le ministre, a été soutenue par l'augmentation de la consommation notamment grâce à l'amélioration des revenus agricoles et des salaires servis dans la fonction publique, l'amélioration de l'investissement (24 % du PIB), et l'épargne nationale qui s'est maintenue à un niveau satisfaisant autour de 25,3 % du PIB, ajoutant que l'inflation s'est stabilisée à un niveau inférieur à 2 %, soit le niveau moyen enregistré depuis 1998 et que le taux de chômage s'affiche en baisse (passant de 12,3 % à 10,9 % entre le 3ème trimestre 2003 et celui de 2004). Quant aux échanges extérieurs, ils ont été marqués par la consolidation de la position du Maroc avec la réalisation d'un excédent au niveau du compte courant de la Balance des paiements qui a atteint près de 1,3% du PIB. Cette évolution positive, a expliqué le ministre, est due à la hausse de 10 % des recettes touristiques (3,1 milliards de DH) par rapport à 2003 et à la progression de 7,1 % des transferts des MRE (37,1 milliards de DH). Cependant, a relevé le ministre, les échanges commerciaux ont été marqués par un creusement du déficit commercial de près de 34 % résultant d'une forte augmentation des importations (+14,1 %/155,3 milliards de DH) et une progression modérée des exportations(+2 %/85,5 milliards de DH). En ce qui concerne les finances publiques, Fathallah Oualalou a souligné que la situation provisoire des charges et ressources du Trésor au titre de l'année 2004 fait ressortir un déficit budgétaire de près de 3,2 %. Hors les recettes de privatisation, ce déficit, a-t-il expliqué, s'établit à 4,4 % du PIB contre une prévision initiale de 5,7 % de la Loi de Finances. « Cette performance, qui est le résultat du bon comportement des recettes, est d'autant plus remarquable qu'elle est intervenue dans un contexte difficile où le budget de l'Etat a dû faire face à de nombreux chocs exogènes, notamment les retombées du tremblement de terre d'Al Hoceïma, la lutte anti-acridienne et la hausse du prix du pétrole», a estimé l'argentier du Royaume. Les orientations économiques du Royaume, en 2005, résident essentiellement dans la relance de la croissance économique (notamment à travers l'optimisation de l'investissement public, l'accompagnement de la mise en oeuvre des mesures d'encouragement de l'investissement et la participation à la réflexion sur une nouvelle stratégie industrielle), ainsi que la consolidation du cadre macroéconomique (maîtrise du déficit et amélioration des conditions de financement du Trésor). Il s'agira également, a-t-il ajouté, de l'accompagnement des réformes structurelles, notamment les régimes de retraite et l'AMO, les nouveaux statuts de Bank Al-Maghrib, le projet de la nouvelle loi bancaire, de la modernisation de la gestion du ministère des Finances (gestion des ressources humaines et consolidation de la déconcentration) et de la bonne gouvernance à travers la mise en place de mécanismes de prévention et de lutte contre la fraude et la corruption. Quant aux mesures d'accompagnement, la conviction de Oualalou est nette : «Franchement, il faut qu'on arête, à notre tour de parler de dangers externes. Nous consommons au quotidien la mondialisation, il est grand temps de commencer à en produire ».