Le ministre des Finances et de la Privatisation ne se départit pas de sa religion macro-économique. Il en est même fier pour dresser un bilan positif de sa gestion. Ses choix sont inébranlables. Mais l'ex-ministre de l'Energie, Youssef Tahiri n'est pas du même avis. C'était plutôt le professeur Fathallah Oualalou, fidèle à ses beaux discours théoriques qui s'est adressé aux opérateurs de l'énergie, jeudi 16 octobre à Casablanca lors de la conférence-débat organisée par la Fédération de l'Energie, que le ministre des Finances à présidée. Et pourtant, le thème retenu, Attractivité et Croissance, faisait appel à plus de pragmatisme et un diagnostic de terrain que de l'énoncé de réalisations passées ou de «l'autosatisfaction » des maîtrises macro-économiques aussi louables soient-elles. La question de l'attractivité, aux dires des personnalités présentes, est à examiner sous l'angle des handicaps structurels afin de mieux en prendre conscience au niveau national. Les attentes dans ce sens sont nourries par plus de souplesse des marchés. Surtout, dans un contexte marqué par une concurrence acharnée entre opérateurs, le climat des investissements appelle à une constante amélioration. Peu convaincant, l'Argentier du Royaume s'est attelé à dresser un bilan global de sa gestion passée. «Nous nous félicitons de l'autonomisation graduelle du taux de croissance. Chaque exercice passé nous permet de gagner 1 % de croissance de manière autonome surtout par rapport à l'agriculture» se félicite Fathallah Oualalou pour qui, le concept d'attractivité est à considérer sous l'angle de relèvement des défis futurs tout en engageant une remise en cause… Au moins au niveau du discours, cette remise en cause est bien réelle, reste à la traduite dans les faits ! L'approche ainsi déclinée par le ministre des Finances implique des sacrifices certains. Le coût des réformes à engager est conséquent. Afin d'en atténuer l'impact négatif, une responsabilisation, à tous les niveaux, est à engager. Dans un contexte marqué par la mondialisation, globalisation mais surtout la régionalisation, tout chantier à engager, doit intégrer une vision dans un espace global tout en laissant de côté l'approche purement nationale. « Le Maroc est d'ailleurs trop atlantique dans sa vision. Il faut qu'elle intègre davantage la dimension méditerranéenne» précise le Ministre. «Les investisseurs n'aiment pas l'incertitude, surtout «les investisseurs sérieux», ceux qui ne viennent pas pour faire «un coup», ce qui consiste, souvent, à mettre à profit un avantage financier temporaire qui peut être dû à l'obtention d'une faveur mais dont rien n'assure qu'elle sera retirée demain », estime Abdellah Alaoui, Président de la Fédération de l'Energie lors de son allocution d'ouverture de la conférence-débat. Toutefois, quelle que soit la vision retenue, sept impératifs essentiels à réaliser ont été relevés par Fathallah Oualalou. Ainsi, « la stabilité politique active », liée à un projet démocratique en est l'axe moteur. Ensuite, sans volonté réelle d'ancrage à la modernité, toute initiative reste vouée à l'échec. « La maîtrise du cadre macro-économique (déficit, inflation, …) est un passage obligé. Ce n'est même pas un choix, et tant mieux. Il ne faut plus différer nos charges sur les générations futures » affirme l'argentier du Royaume. Ce point n'a pas eu l'approbation de l'ex-ministre de l'Energie, Youssef Tahiri. L'occasion lui fut donnée, sous forme de question, d'interpeller le ministre sur ce point. «Sans chercher à minimiser le travail accompli, je me pose la question de savoir si ces choix sont encore justifiés. Tenant compte de nos priorités actuelles et comparativement à des pays similaires, le déficit budgétaire ainsi que la dette externe sont plus prononcés. D'ailleurs, les performances économiques le sont aussi », a déclaré Youssef Tahiri. Les autres éléments, indispensables selon Oualalou, se résument au choix-stratégie d'ouverture, des réformes qualitatives à engager. La mise à niveau reste un passage obligé. Tout particulièrement, la politique d'investissement de l'Etat qui est à engager dans le sens de la création des structures d'accueil à l'investissement. « L'intervention consolidée de l'Etat porterait le montant des investissements en 2004 à 70 milliards de DH », renseigne le Ministre tout en déclinant les grandes incitations retenues par la Loi de Finances 2004. Pour lui, la solidarité nationale est aussi un axe majeur d'attractivité alors que « la grande avancée sociale que constitue la Moudawana vaut pour moi plus que des points de croissance », a-t-il précisé. Si sur le principe, démagogie à part, le principe est acquis, sur le fond, le compte est loin d'être bon !