* Depuis le début du processus des privatisations, 75,5 milliards de DH de recettes ont été générées. * La capitalisation de la Bourse des Valeurs a été multipliée par 48, passant de 5 milliards à 240 milliards de DH à fin 2005. Plus que jamais, le discours sur la privatisation au Maroc rime avec prospérité. Le choix de cette politique est donc plus que justifié. C'est Fathallah Oualalou, ministre des Finances et de la Privatisation, qui a annoncé devant les députés le bilan de 12 ans de cette expérience. Les opérations de privatisation ont généré 75,5 milliards depuis le début du processus, entamé en 1993. «Cette politique a créé une dynamique au sein de la Bourse des Valeurs, avait indiqué le ministre, dont la capitalisation a augmenté de 48 fois, passant de 5 à 240 milliards de dirhams à septembre 2005 ». Tout en précisant que «depuis le lancement des opérations de privatisation, 44 établissements et 26 unités hôtelières ont été cédés à travers 101 opérations». Il faut dire que les efforts de l'Etat en la matière ont été considérables. Les secteurs dits «stratégiques» ont été également intégrés dans le champ des entreprises privatisables dont la liste limitative prévue au départ avait inclus la BNDE, actuellement absente de la scène financière. Ce qui indique que la stratégie des privatisations prônée par les responsables marocains a certainement évolué au fil des années. Le climat de l'investissement au début de la décennie 90 du siècle passé ne semble plus être le même. C'est pourquoi il fallait donner un nouveau souffle à cette politique, en convainquant le secteur privé de la rentabilité des unités et des établissements proposés. C'est probablement dans cette optique que le ministre des Finances a considéré que «la privatisation a contribué à une plus grande libéralisation de l'économie nationale en réduisant la participation des établissements publics à la production intérieure brute». C'est pour attester que la privatisation, comme la taxent certains, n'est plus uniquement un «réservoir» de fonds pour le Trésor public, mais bel et bien un moyen au service de l'économie marocaine et un outil «de modernisation des capacités de production des établissements privatisés», comme l'a constaté F. Oualalou devant les députés. D'un autre point de vue, la privatisation a permis aux anciens cadres et salariés des établissements cédés de préserver leurs droits sociaux acquis. Le ministre des Finances et de la Privatisation a indiqué dans ce sens que les opérations de privatisation ont été marquées par «la stabilité de l'emploi au sein des établissements cédés et qu'elles ont même donné lieu à la création de nouveaux postes». Il faut remarquer que la politique de l'emploi au Maroc confirme cette tendance d'un désengagement progressif du secteur public pour laisser la lutte contre le chômage des cadres et des diplômés au secteur nouvellement privatisé. L'auto-emploi est actuellement géré par des établissements bancaires dont le capital privé est central. Les fonds ainsi récoltés de la privatisation peuvent être considérés, d'un autre point de vue, comme un indicateur sérieux de la bonne intégration de certains secteurs et leur capacité à stimuler les investissements. Il reste que la politique de privatisation n'est plus abordée, dans son principe, en tant que choix économique irréversible. Pourtant, le bilan établi actuellement a révélé que «la chaîne» des entreprises privatisables va en parallèle avec le bon comportement des établissements publics dont le bilan a été jugé, lui aussi, positif. Ce qui veut dire que la réussite de la politique de privatisation est plus que jamais liée au processus de modernisation des établissements publics industriels et commerciaux (EPIC). L'Etat doit en quelque sorte promouvoir les secteurs porteurs, à moyen et à long termes, pour pouvoir proposer au privé de réelles opportunités.