Le processus des privatisations initié depuis 1993 a atteint sa vitesse de croisière avec la conclusion de la vente de la Régie de Tabacs à Altadis. Bilan d'étape avant la nouvelle vague des opérations prévues par la loi de Finances 2003. Après l'aboutissement du projet de privatisation de la Régie des Tabacs, le débat sur le bilan du processus de privatisation est relancé. Selon une étude menée par le ministère des Finances et publiée dans sa revue trimestrielle Maliya, jusqu'à présent sur un total des 63 unités privatisées, 18 sociétés et 5 hôtels ont été totalement ou partiellement cédés à des acheteurs étrangers (Vivendi Universal, Corral, FRAM, Shell, Mobile, Total…). Historiquement, le déclic du processus des cessions remonte à 1988 avec le discours Royal de Hassan II qui a annoncé l'adoption de la privation comme une option stratégique de développement économique du Royaume. Ce choix s'est fixé comme ambition la modernisation de l'économie, l'allégement des charges du budget de l'Etat et le développement des échanges internationaux. La cession de la participation étatique au secteur privé découle, en outre, de la volonté d'élargissement de l'actionnariat à de nouvelles catégories sociales et d'encouragement de l'entreprenariat. Sur le plan opérationnel, les opérations ont été initiées à partir de 1993 et ont touché 63 entités publiques dont 37 sociétés et 26 hôtels (91 opérations). Ces cessions ont généré plus de 40 milliards de DH de recettes ainsi que des engagements d'investissement de l'ordre de 7,29 milliards de DH. Sur la base de l'analyse du ministère des Finances, les privatisations menées jusqu'à présent, notamment pendant la décennie 90, ont permis de dynamiser la bourse des valeurs de Casablanca (BVC) et de favoriser de nouvelles activités (banques d'affaires et les OPCVM). Cette dynamisation s'explique par le fait que 9 % des recettes des privatisations ont été réalisées par les opérations de cessions à la bourse. Concrètement, la capitalisation boursière a été boostée en passant de 5 milliards de DH en 1989 à 104,7 milliards de DH en décembre 2001. Durant la même période, le chiffre d'affaires moyen en action a été multiplié par 269. Le renforcement de l'actionnariat privé dans la BVC n'est pas en reste. Si ce nombre n'excède pas avant les privatisations 10 mille actionnaires privés, il dépasse actuellement les 300 mille. Les analystes du ministère défendent, aussi l'apport de la privatisation dans l'élargissement de l'actionnariat. Plus de 7.3000 salariés ont acquis des actions émises dans les entreprises qu'ils emploient. C'est le cas des sociétés : Sotrameg, Samir, SCP et SNEP. Sur le même registre, les Marocains résidents à l'étranger ont profité des opérations des offres publiques de vente de la Bourse de Casablanca. Le processus de privatisations a été consolidé avec une deuxième vague de cessions qui a eu lieu en 1998 avec la cession de 4 sociétés et 8 hôtels (IAM, Fertima, Roanch Adarouch et la Société industrielle de confection à Meknès). Ces opérations ont permis de générer des recettes de l'ordre de 24,2 milliards de DH Néanmoins, plusieurs observateurs estiment que les recettes dégagées par le processus ont été principalement injectés dans le budget de fonctionnement au détriment de l'investissement. Le cas des recettes générées par les télécoms est avancé comme argument pour étayer cette thèse. Pour rappel, l'Etat a encaissé 11 milliards de DH pour la deuxième licence GSM au consortium piloté par Telefonica (Meditelecom) et 23 milliards de DH pour la cession de 35 % du capital de Maroc Telecom à Vivendi Universal. Ce débat refait surface avec la réussite de la vente de 80 % du capital de la Régie de Tabacs au prix de plus de 14,6 milliards de DH. Une partie de la bagatelle des opérations de privatisation doit être affectée, selon les revendicateurs des opérateurs économiques, à l'encouragement de la création des entreprises et l'amélioration de l'environnement des affaires, Pour l'année 2003, deux dossiers sont en cours de finalisation. Il s'agit de la société nouvelle des imprimeries réunies (Sonir) et la SOMACA. Parallèlement, dans la loi de Finances pour la même année, le gouvernement a inscrit le nom de huit entreprises (Biopharma, Sonacos, Sococharbo, BTNA, SCS, SSM, Drapor et Somathes).