La contribution des recettes de la privatisation au Budget général de lEtat sur la période 1993-2003 a été en moyenne de 5,8% des recettes ordinaires. Le processus de privatisation, depuis son lancement en 1993, a permis au Royaume de drainer des investissements extérieurs particulièrement importants vers les secteurs industriels, financiers, des télécommunications, du tourisme et de lénergie.. Dès lannonce du programme de privatisation en 1989 et son lancement effectif en 1993, trois temps forts ont marqué son histoire au Maroc. De 1982 à 1992 : cette période a été marquée par la mise en place du cadre juridique et des structures avec la promulgation de la loi n° 39-89. La seconde phase est celle pendant laquelle les succès importaient énormément pour la poursuite du programme. Ce programme a en effet débuté avec la privatisation de la Soder (Société des dérivés du sucre) avant datteindre sa vitesse de croisière avec 13 privatisations par an. La troisième phase est celle de la maturation du programme et la privatisation des monopoles. Comme la annoncé Mustapha Kassi, chargé des structures opérationnelles II et de la privatisation, «la réussite du programme de privatisation a encouragé le gouvernement à le prolonger avec linscription périodique de nouvelles entreprises privatisables». Lenjeu, en fait, consiste à sappuyer sur un vaste projet de libéralisation du champ économique et labolissement graduel des monopoles, même si ceux-ci sont le fait de lÉtat. Cest en fait le cas des secteurs du tabac et des télécommunications. Des retombées relativement satisfaisantes Selon les responsables, la privatisation sest traduite par une nette augmentation des résultats des entreprises concernées qui ont été multipliés par 5. Hormis limpact de la privatisation sur lentreprise en question, il est à noter que dautres bénéfices dordre macroéconomique sont à relever. Sur le plan des finances publiques, la contribution des recettes de la privatisation au Budget général de lEtat sur la période 1993-2003 a été en moyenne de 5,8% des recettes ordinaires (hors privatisations), avec des pics de 24,5% en 2001 et 13,8% en 2003. Les secteurs touchés par la privatisation ont été aussi le champ dactions préalables de restructurations pour la préparation des entreprises à la libre concurrence. La privatisation va de pair avec le démantèlement des monopoles et louverture du marché à de nouveaux opérateurs. Les démonopolisations les plus significatives ont concerné les secteurs financiers, des télécommunications, du tabac et du pétrole. Sur le plan des investissements directs étrangers (IDE), le processus de privatisation, depuis son lancement en 1993, a permis au Royaume de drainer des investissements extérieurs particulièrement importants vers les secteurs industriels, financiers, des télécommunications, du tourisme et de lénergie. Cette évolution remarquable a permis au Maroc de passer en 2003 du 4ème au 1er rang parmi les pays arabes destinataires dIDE. Sur le continent africain, le Maroc sest positionné au 3ème rang. Les privatisations ont incontestablement raffermi lintérêt que portent les investisseurs étrangers à léconomie marocaine, puisque leur rapport a atteint 63 milliards de dirhams à fin septembre 2005. La répartition sectorielle de ces investissements montre que les télécommunications ont attiré la part la plus importante des recettes, essentiellement durant la période 2001-2005, avec un volume dinvestissement cumulé représentant environ 65% des IDE. Lindustrie a été affranchie avec un volume important, comme en témoigne le nombre dopérations de privatisation réalisées : SONASID (sidérurgie), CIOR (ciment) et la Régie des tabacs qui a représenté à elle seule 77% des IDE drainés par ce secteur en 2003. Le secteur financier a connu sur la période 1994-1997 des opérations de privatisation importantes qui ont concerné des institutions bancaires telles que BMCE Bank et des sociétés holding (SNI) qui ont drainé 55% des IDE. Le secteur des services a connu un important flux dIDE grâce à la privatisation dentreprises hôtelières et de transport, comme les hôtels Dunes dOr et Malabata qui ont été cédés à des groupes internationaux. Le secteur de lénergie, des mines et du pétrole, avec des opérations telles que celles portant sur la Samir et la Société Chérifienne des Pétroles (SCP), a attiré 29% du total des IDE durant la période 1996-1998. Ainsi, sur les 70 unités privatisées, 20 sociétés et 6 hôtels ont été totalement ou partiellement cédés à des investisseurs étrangers, représentant 82% de la recette globale de la privatisation. Des groupes étrangers de renom ont investi dans les opérations de privatisation, notamment Vivendi Universal, Altadis, Holderbank, Dragofina, Corral, Renault, Total, Fram Dans le même sens, des investisseurs connus des places financières internationales ont pris des participations dans ces opérations (Samba Finance, Morgan Stanley, Fonds Koweitien, Banque Pictet, Framlington Maghreb Fund, BNP-Paribas et Merrill Lynch ). Quid du marché financier ? Le processus de privatisation a contribué à redynamiser la Bourse de Casablanca. La privatisation se veut comme un facteur de relance de la place casablancaise. Depuis 1989, année coïncidant avec la première privatisation par le marché, la capitalisation boursière a été multipliée par 48, passant de 5 milliards de DH à 240 milliards de DH en septembre 2005. La capitalisation boursière des sociétés privatisées, en septembre 2005, représente 53% de la capitalisation de la Bourse de Casablanca. On remarque ainsi une forte corrélation entre lamélioration des indicateurs boursiers et le rythme des privatisations. A noter que 16% des recettes de la privatisation ont été réalisés par des opérations de cession en Bourse. Ces introductions ont amélioré la liquidité et la profondeur du marché financier, créant des conditions attrayantes pour les investisseurs et favorisant le développement de professions et dactivités nouvelles (banques daffaires, OPCVM, sociétés de Bourse ). Sur le plan du renforcement de lactionnariat populaire, la participation du public et des salariés aux opérations de privatisation, notamment celles faisant lobjet dappel public à lépargne, sont aussi un motif de fierté. Les privatisations suscitent toujours lengouement du public qui sur-souscrit plusieurs fois les titres mis en vente. La privatisation est assurément un des mécanismes de modernisation durable de léconomie. Elle permet ainsi à lEtat de se concentrer sur les secteurs les plus stratégiques. Le portefeuille actuel de lEtat englobe des entreprises et établissements opérant dans divers secteurs de léconomie : lextraction et la valorisation des phosphates, la production et la distribution délectricité, le traitement et la distribution deau potable, la construction, les transports, les services de la poste et les services financiers. Cest dire limportant potentiel de privatisations qui reste à engager. Toutefois, bien que les répercussions paraissent a priori alléchantes, il nen demeure pas moins que les retombées nont pas été au rendez-vous comme le prétendent certains responsables. Si on prend le taux de croissance économique actuel, on remarque nettement quil est fortement dépendant des aléas climatiques et sujet aux fluctuations internationales. A côté de son insuffisance à assurer un rythme important de création demplois, il demeure très volatile. Pis encore, lInitiative nationale de développement humain est un signe avant-coureur que le social reste le parent pauvre de la politique économique nationale.