La vente de la Régie des Tabacs à Altadis est incontestablement une très grosse opération de privatisation. La confiance que manifestent les investisseurs étrangers à l'égard du Maroc est plus que jamais renforcée, surtout après les terribles évènements du 16 mai dernier. La surprise fut totale…mais agréable ! Le Ministre des Finances et de la Privatisation a annoncé lundi dernier que le fabricant hispano-français de tabac Altadis est l'acquéreur des 80% de la Régie des Tabacs Marocains (RTM) pour un montant de 14,08 milliards de dirhams marocains (1,29 milliard d'euros). Désormais, le Maroc vient d'enregistrer son deuxième plus important investissement extérieur de son histoire après la vente de Maroc Telecom. De l'aveu des initiateurs de l'opération de privatisation, la conviction que le projet industriel présenté par la régie allait nécessairement donner lieu à une surenchère au niveau du prix. « Nous n'avons jamais imaginé qu'Altadis puisse offrir plus de 14 milliards de DH notamment après les terribles évènements du 16 mai dernier. Cette attitude confirme définitivement la stabilité aussi bien économique que sociale en adressant un message fort quant à l'avenir porteur du pays» déclare Mohammed Kettani, directeur général du pôle Banque de Financement et d'Investissement de la BCM, aussi président de la banque d'affaires Attijari Finance conseiller, à côté de HSBC CCF, d'Altadis sur cette opération. Le travail préalable accompli par la banque d'affaires pour atteindre de tels résultats l'a mobilisé pendant sept années. La complicité professionnelle avec les conseillers étrangers a largement contribué au succès sans précédent de l'opération. «Nos équipes ont fait preuve de compétences pluridisciplinaires leur permettant de mener des projets aux cotés de grandes signatures internationales. Les prestations ainsi formulées à Altadis ont largement contribué à cette victoire du produit Maroc » explique Mohammed Kettani avant d'ajouter « c'est désormais aussi un signal fort à l'adresse des investisseurs nationaux qui doivent prendre exemple sur le fabricant hispano-français de tabac». En effet, cette opération a conforté le rating Maroc qui, depuis déjà un long moment, s'est inscrit dans une phase optimale. La stabilité économique et les choix retenus par le Royaume remportent l'adhésion des opérateurs internationaux. Aussi, cette privatisation remet en trajectoire le Maroc et la région toute entière. Charge actuellement aux investisseurs locaux, comme signalés par le directeur général de la BCM, de prendre le relais. Leur frilosité doit céder la place à un rôle entreprenarial plus actif. Pour Mohammed Bourouayen, directeur, chargé des placements obligataires à Wafagestion, les évènements du 16 mai n'étaient qu'un accident. La transaction Régie des Tabacs l'a bien démontée. Par contre, «il n'est plus permis que les étrangers prennent des risques à notre place» ajoute-t-il. Par contre, c'est aussi une bonne nouvelle pour le budget de l'Etat. Contre les 6,4 milliards de DH inscrits à la loi de finance, sur un total de 12,5 milliards Dh suite aux opérations de privatisation, l'Etat actionnaire de la Régie des Tabacs vient de recevoir 14 milliards de DH. L'État marocain conservera, pendant deux ans, une participation de 20 % dans la Régie des Tabacs, participation qu'il aura la possibilité de mettre sur le marché au cours des deux années suivantes. Ces 20 % feront l'objet de droits d'achat et de vente entre l'État et l'actionnaire majoritaire à compter de la cinquième année suivant l'acquisition (en cas d'échec de l'offre publique). Ces droits seront exercés à un prix équivalent au prix payé pour l'acquisition de la participation majoritaire dans le capital de la Régie des Tabacs. Pour l'occasion, les majors n'ont pas lésiné sur les moyens. Altadis a offert 14 milliards de DH alors que les autres candidats ont été moins disant. British American Tobacco a offert 10 milliards de DH contre 9 milliards de DH par Philip Morris. D'autres candidats avaient retiré le dossier : Impérial Tobacco, Japan Tobacco, Gallaher et China Tobacco. Décidément, le produit Maroc est, et restera bien apprécié des investisseurs étrangers. La confiance n'a pas été atteinte!