La privatisation au Maroc a eu un impact positif sur le marché financier, avec une croissance de la capitalisation de la Bourse de Casablanca, qui est passée de 5 milliards de DH à 206 milliards entre 1989 et 2004. Elle a également permis de générer une recette globale de lordre de 75,5 milliards de DH entre 1993 et 2005. Ces chiffres avancés par Abdelaziz Talbi, directeur des Entreprises publiques et de la Privatisation au ministère des Finances et de la Privatisation, témoignent de limportance du processus de privatisation en cours au Maroc depuis le début de la décennie 90. Intervenant lors dun débat organisé par la Chambre Française de Commerce et d'Industrie au Maroc (CFCIM), sur le thème «Situation et perspectives des établissements et des entreprises publics », Talbi a souligné que le nombre des établissements privatisés totalement ou partiellement sélève à 66. Selon lui, le processus de privatisation a permis de drainer des investissements directs extérieurs (IDE) importants qui ont touché plusieurs secteurs économiques. Ce nest donc pas un hasard que le Maroc est classé au 1er rang dans la région arabe en terme dinvestissements directs extérieurs en 2004. Lors de son intervention, Abdelaziz Talbi a énuméré les grandes opérations de privatisation qua connues le Maroc durant les quatre dernières années. Il sagit de celle dIttissalat Al-Maghrib par la cession de 35% du capital en 2001 à Vivendi Universal (23,34 milliards de DH) et la cession en 2005 de 16% du capital au prix de 12,4 milliards de DH au même groupe. Lautre grande opération a concerné la Régie des Tabacs, qui a cédé 80% de son capital à Altadis pour une enveloppe de14,08 milliards de DH. Au total, les opérations de privatisation ont permis de générer une recette globale de lordre de 75,5 milliards de DH entre 1993 et 2005. La privatisation continue Le gouvernement de Driss Jettou est déterminé à consolider ses acquis en matière de privatisation. Dans ce cadre, la stratégie de transformation des établissements publics industriel et commercial en sociétés anonymes continue. Cette stratégie vise à préparer les nouvelles entités à l'ouverture du capital ou à la privatisation. Ces transformations ont concerné notamment l'Office National des Chemins de fer (ONCF), qui portera le nom de Société Marocaine des Chemins de Fer (SMCF) et la Caisse Nationale du Crédit Agricole, qui deviendra le Crédit Agricole du Maroc. Dautres offices seront concernés par ces transformations. Il sagit de l'Office National des Transports (ONT), l'Office d'Exploitation des Ports (ODEP), Barid Al-Maghrib, le Centre Marocain de Promotion des Exportations (CMPE) et les Etablissements Régionaux d'Aménagement et de Construction (ERAC). Le secteur de la poste connaîtra également une refonte du cadre institutionnel, en plus du transport aérien qui a déjà connu l'introduction d'un deuxième opérateur en matière d'assistance au sol, la libéralisation du charter et la création d'un deuxième opérateur public (Atlas Blue). Pour Jean-Marie Martinet, président de la CFCIM, lobjectif du processus de privatisation déclenché au Maroc «n'est pas d'amoindrir le rôle de l'Etat, loin s'en faut, mais il s'agit plutôt de redéployer son action afin de lui permettre de se concentrer sur d'autres priorités». Martinet a soulevé quand même un point très important, celui des établissements non privatisables. Selon lui, la privatisation ne doit pas toucher tous les établissements publics. «Certains secteurs stratégiques devront rester entre les mains de lEtat, et ce en raison de cohérence, dégalité et de justice sociale».