Le ministre des Finances et de la Privatisation a présenté à la presse les indicateurs économiques de l'exercice 2006, marqué par une croissance de 8,1%. Les principaux indicateurs du tableau de bord de l'économie marocaine étaient au vert durant l'année 2006. C'est le résumé que l'on pourrait faire de la conférence de presse de Fathallah Oualalou tenue au cours de l'après-midi du mardi 20 février à Rabat. Le ministre des Finances et de la Privatisation qui fait état d'une croissance de 8,1% du PIB l'année dernière s'est fixé une ligne de conduite claire pour 2007. La poursuite des réformes structurelles et la stabilité du cadre macroéconomique en sont les lignes directrices. Le ministre a également passé en revue les indicateurs-clés de la situation de l'économie marocaine en 2006. Entre autres, le taux d'investissement est à 29,4% du PIB et le taux d'épargne s'est amélioré, se stabilisant à près de 33% du Produit intérieur brut. Quant à l'inflation, elle a atteint 3,3%. Par contre, le déficit budgétaire est largement en deçà des 3% requis, soit 1,7% du PIB. Pour sa part, le ratio de la dette du Trésor a baissé de 6 points, pour concerner désormais 57% du PIB. Pour expliquer ces résultats, le ministre des Finances a mis en avant la remarquable progression (12,8%) des recettes fiscales, la dynamique de création des entreprises (+24% de certificats négatifs) et l'explosion des crédits à l'économie (58 milliards de dirhams). Autre facteur mis en exergue, la croissance de 8% de la demande en énergie. Bien évidemment, l'agriculture reste l'un des moteurs de cette croissance. Les 93 millions de quintaux de céréales récoltés durant la campagne agricole 2005-2006 ont pesé fortement dans la balance, à un niveau certainement plus important que les BTP. Concernant les réformes structurelles, Oualalou a poursuivi en 2006 sa politique de consolidation de la position extérieure du Maroc. En témoigne l'excédent de la balance du compte courant (4,4% du PIB) et le niveau des avoirs extérieurs (20 milliards de dollars). Entre dans cette rubrique aussi, la gestion de la dette extérieure, ramenée à 23% du PIB. D'aucuns reprochent à l'argentier du Royaume d'avoir réduit la dette extérieure, au détriment de la dette intérieure, en pleine augmentation. Ce qui n'est pas l'avis de Mohamed Benayed du CNCE: «il y a une gestion intelligente de la dette extérieure, marquée par une réduction significative. De la part d'un pays comme le Maroc, c'est une bonne chose ». Et d'ajouter en ce qui concerne la dette intérieure : «L'effet de la souveraineté n'est pas le même, s'agissant de la dette extérieure ou de la dette intérieure. Avec une dette extérieure forte, on n'est jamais à l'abri des injonctions du FMI ou de la Banque mondiale.» Reste à gérer la problématique de la dépendance de l'agriculture. Sur cette question, M. Benayed est clair: «nous avons réalisé ce taux de 8,1 grâce à l'agriculture. Nous ne sommes pas encore sorti totalement de la dépendance, même si des secteurs comme les BTP, le tourisme et quelques industries commencent à stabiliser la croissance. Mais nous sommes toujours dans un schéma où l'agriculture contribue pour 20% dans le PIB et pour 50% dans la croissance». Dans les milieux financiers, l'optimisme est aussi au rendez-vous : «Pour une fois, moi qui suis sceptique de nature, je pense qu'il y a un frémissement assez perceptible. De plus en plus d'investisseurs viennent en Bourse. Le lancement des grands chantiers est un stimulant», témoigne un responsable de Finergy, société de Bourse spécialiste dans l'introduction des PME-PMI. Une dynamique ressentie jusqu'au GPBM (Groupement professionnel des banques) ; lequel, fidéle à la tradition des banques, se dit optimiste sans trop de commentaires. L'inflation vue par Attijari Intermédiation A première vue, cette hausse pourrait traduire une situation alarmante, mais dans un contexte de forte croissance de l'économie marocaine (+7,6% selon les dernières estimations), le niveau enregistré par l'inflation n'a rien d'inquiétant. Au contraire, la corrélation entre les 2 statistiques est signe de bonne santé pour l'économie. Cette inflation de "croissance" trouve son origine dans 4 facteurs : - le réaménagement de la TVA de denrées alimentaires, - l'augmentation des prix de certains services (en particulier ceux de l'eau et des transports), - le retour partiel au système d'indexation des prix des produits pétroliers sur les cours internationaux, - l'importation des biens d'équipement (40 milliards DH à fin novembre 2006). Selon Bank Al-Maghrib, la tendance devrait connaître une légère baisse en 2007. Les dernières estimations du Centre marocain de conjoncture tablent sur un taux de 2,1%. Ce dernier compte sur la réduction des coûts salariaux, suite aux départs volontaires des administrations, et sur les orientations prudentes de la politique monétaire afin d'atténuer le réchauffement des prix. Cependant, certains facteurs pourraient contrecarrer ces prévisions, notamment les rentrées de devises assurés par les MRE, les recettes du secteur du tourisme de plus en plus abondantes, les exportations à tendance haussière ou encore la sécheresse programmée pour la campagne électorale 2006-2007. Les chiffres clés - PIB : +8,1% Inflation : +3,3% Agriculture : 93 millions de quintaux de céréales -Progression de 11,2% des exportations -Déficit budgétaire aux alentours de 1,7% du PIB contre 4% en 2005 -Recettes au titre de l'Impôt sur les sociétés (IS): + 28%, pour la première fois supérieures à celles de l'Impôt sur le revenu (IR). -Dette extérieure : 23% du PIB