Les Etats-Unis veulent englober les zones d'interdiction aérienne dans les inspections onusiennes. Blix n'exclut pas la présence d'espions parmi les inspecteurs. La mission d'inspection du désarmement de l'Irak sera plus musclée et mieux équipée pour mener à bien son mandat. Cette nouvelle dimension tient aussi à la nouvelle composition et aux pouvoirs dévolus à l'équipe des inspecteurs en partance pour l'Irak, à la recherche de possibles armes de destruction massive, sur fond de menaces d'intervention militaire contre Baghdad. La mission, présidée par le Suédois Hans Blix, comprend 220 experts de 44 pays. Elle bénéficie d'une technologie très moderne et ultra-sophistiquée avec des équipements portatifs d'analyse du sol et de l'air fournissant des informations en temps réel, et non après des jours d'analyse comme ce fut le cas en 1998. La mission peut également bénéficier d'images satellites capables d'identifier des objets d'un diamètre de 50 centimètres. Mais, la nouveauté tient surtout au contexte politique dans lequel démarre cette nouvelle mission onusienne. Les attentats du 11 novembre 2001 ont fourni à l'administration Bush la raison tant recherchée d'une nouvelle croisade. Celle-ci a démarré en Afghanistan et, est en train de s'étendre à d'autres régimes perçus comme voyous, formant l'axe du mal absolu et représentant des menaces à la paix et la stabilité du monde. L'Irak vient en tête de liste de ces Etats voyous, mais Hans Blix n'entend pas se laisser manipuler par Washington, répétant à qui veut l'entendre qu'il est mandaté par les seules Nations unies. Ce qui n'empêche pas Baghdad de l'accuser de mener une mission d'espionnage au profit des Etats-Unis. À ce propos, il assure qu'il ne pouvait garantir l'absence d'espions au sein de sa mission : «la question m'a été posée. Pouvez-vous être absolument sûr qu'il n'y aura pas d'espions issus des pays contributeurs ? J'ai répondu non, et je pense que ni l'ex-KGB ni la CIA ne peuvent donner d'assurance catégorique», a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse. La question est d'importance, car l'ancienne mission de l'ONU sur le désarmement de l'Irak, l'UNSCOM avait perdu sa légitimité du fait de sa proximité avec les Etats occidentaux, a reconnu Hans Blix. Les 45 nationalités représentées dans la nouvelle mission de contrôle, constituent un gage d'impartialité pour le diplomate suédois. «Si je m'aperçois que certains jouent double jeu, je leur demanderai de nous quitter», a-t-il affirmé. Une nouvelle complication attend Hans Blix. Les Etats-Unis viennent de déclarer qu'ils se réservent la possibilité de déclarer que l'Irak est en situation de «violation patente» de la résolution 1441 si son armée ouvre le feu sur des chasseurs américains dans les «zones d'exclusion aériennes» du Sud et du Nord du pays, dans lesquelles il est rare qu'un jour se passe sans que la DCA irakienne n'ouvre le feu sur des appareils ricains et anglais. Le débat sur ces zones d'exclusion avait divisé le Conseil de Sécurité où la France et la Russie refusaient d'entériner ce genre de «gâchettes secrètes» qui pourraient être manipulées par l'administration Bush. Sur un autre plan, le «Times» rapporte que Saddam Hussein aurait proposé à Kadhafi 3,5 milliards de dollars pour qu'il accepte de donner refuge à sa famille et à de hauts responsables militaires irakiens. Le président libyen aurait accepté sans toutefois être disposé à donner asile à Saddam lui-même ou à son fils Oudday. Cette information, démentie par la Libye, si elle se vérifiait, serait le premier signe que le président irakien se prépare à l'idée d'être renversé. Les services secrets occidentaux supposent toutefois que Saddam Hussein restera jusqu'au bout si l'Irak est attaqué.