Dans l'affaire de l'ODECO, on a parlé de l'existence d'une version Aït Hadout qui n'aurait pas été prise en considération par l'IGF. Mais, une lecture dans le rapport établi par l'ex-directeur, montre que ce document n'explique pas les anomalies décelées par les auditeurs. L'engagement de poursuites judiciaires contre l'ex-directeur de l'Office de Développement des Coopératives (ODECO) devant la Cour Spéciale de Justice a suscité la polémique quant à l'existence présumée de raisons politiques ayant provoqué son éclatement. En effet, les milieux proches de l'ex-directeur, Ahmed Aït Hadout, avançaient que l'engagement des poursuites étaient dues à la rivalité politique entre le Mouvement Populaire, parti de Aït Hadout, et l'USFP, parti du ministre de tutelle (à l'époque) M. Ahmed Lahlimi. Une approche fausse et non-fondée, si l'on tient compte des développements chronologiques des faits. Ainsi, il y a lieu de signaler que le rapport d'audit sur la gestion de l'ODECO, réalisé par l'Inspection Générale des Finances, n'est qu'un document qui présente et énumère toutes les anomalies, les irrégularités et les infractions constatées par ses auteurs sur la base de constatations vérifiées et prouvées documents à l'appui. Ce rapport n'est donc pas un jugement, mais ses conclusions peuvent être soumises aux autorités judiciaires compétentes qui se chargent de prendre la décision opportune. Dans le cas de l'ODECO, le parquet a décidé d'engager des poursuites contre l'ex-directeur et certains de ses collaborateurs devant la Cour Spéciale de Justice car, le rapport de l'IGF avait décelé des malversations de fonds publics. Parmi les anomalies détectées par les auditeurs, il y a deux volets qui ont le plus attiré l'attention. L'affaire du "bureau provincial de l'Union des Coopératives Arabes (UCA)" et les relations entre l'ODECO et l'Association Marocaine d'Appui à la Promotion de la Petite Entreprise (AMAPPE). Dans les deux cas, le rapport de réponse d'Aït Hadout, aucune justification ou explication n'a été retenue par l'IGF car tous les arguments de l'ex-directeur étaient non-fondés. S'agissant de l'UCA, l'IGF a découvert que le chef de la division des études et d'assistance au sein de l'ODECO, Driss Nait Bach, lui aussi poursuivi par la CSJ, "avait ouvert à Rabat un bureau de Provincial de l'UCA sans aucun accord de siège" et malgré le refus officiel notifié par le ministère des Affaires étrangères et de la Coopération. L'installation de ce bureau provincial avait permis à Nait Bach d'ouvrir, contrairement à la loi et sans procuration, cinq comptes bancaires au nom de l'UCA et ce par sa simple signature. Selon le rapport de l'IGF, documents à l'appui, l'ex-directeur de l'ODECO avait, d'une part, ordonné que les cotisations d'adhésion de cet office à l'UCA pour les années de 1996 à 2000 soient virées à ces comptes, et demandé aux coopératives d'y verser des participations financières à l'organisation d'une rencontre parrainée par l'UCA, d'autre part. En ce qui concerne les relations entre l'ODECO et AMAPPE, les auditeurs de l'IGF ont découvert que cette association a bénéficié de plusieurs privilèges de la part de l'Office notamment la signature, entre les deux, de trois conventions sans recourir à la concurrence. Sachant que l'ex-directeur de l'ODECO, Ahmed Aït Hadout et le chef de la division de la formation et de l'information, Mohamed Zana occupaient les postes respectifs de secrétaire général et trésorier d'AMAPPE, il est légitime de se demander sur l'opportunité de tels accords. D'autant plus lorsque l'on sait que l'ODECO avait privilégié l'association dans le cas du don de la Banque Mondiale de 150.000 dollars. Une opération entachée d'irrégularités juridiques et comptables. L'affaire d'Ait Hadout et les autres cadres de l'ODECO étant soumises à la justice, celle-ci qui se prononcera sur l'affaire et déterminera les responsabilités de chacun. Mais, le plus important, aujourd'hui, est que cet office puisse retrouver sa place incontournable comme outil de développement de l'économie sociale. Une tache qui est confiée au directeur par intérim, Younès Shaimi, un connaisseur du dossier des coopératives puisqu'il a effectué plusieurs audits dans le monde coopératif dont le rapport de l'IGF sur l'ODECO, et qui est porteur d'un projet de redressement et de développement de l'Office.