Relevé brutalement de ses fonctions de directeur général de l'ODECO avant d'être expédié en prison la semaine dernière pour mauvaise gestion, Ahmed Aït Haddout est-il victime d'un règlement de comptes politique ? C'est quoi cette affaire de l'ODECO (office de développement de la coopération) dont le directeur général, Ahmed Aït Haddout, 52 ans, a été envoyé récemment en prison ? Vu le tapage fait autour de ce dossier depuis des mois, quiconque penserait qu'il s'agit d'une affaire d'une extrême gravité. De détournements de fonds énormes et d'abus de biens sociaux. Or, en examinant les résultats de l'audit réalisé par l'IGF sur les exercices 1998/1999 et 1999/2000 ainsi que le deuxième semestre 2000, on se rend compte que M. Aït Haddout a été propulsé au centre d'une affaire qui concerne certains aspects de la gestion de l'ODECO, notamment en relation avec l'Union des coopératives arabes. En un mot, cette mission d'audit, qui s'est attachée à apprécier les procédures de la comptabilité et à analyser certaines dépenses de l'office, a fait ressortir des anomalies et des irrégularités d'un montant n'excédant pas un million de DH. En fait, nous sommes en face d'un audit de gestion destinée normalement à améliorer et à rationaliser l'organisation comptable et financière de l'établissement. Pas à l'utiliser pour mettre son directeur dans le banc des accusés. D'autant plus que M. Aït Haddout, qui a été nommé à la tête de l'office en 1995, n'est coupable d'aucun détournement de fonds qui lui aurait profité personnellement ou d'actes relevant d'enrichissement illicite. Ceux qui le connaissent le décrivent comme un homme honnête et droit. Le voilà qu'il se retrouve embarqué dans une histoire qui visiblement le dépasse. “Les malheurs de M. Aït Haddout qui n'a pas finalement grand chose à se reprocher, il faut plutôt les chercher ailleurs. Homme connu pour sa compétence, faisant figure de victime de l'on sait quelle règlement de comptes, celui-ci a été relevé brutalement de ses fonctions par le ministre en question. Il sera remplacé à titre d'intérim par l'inspecteur des finances Younès Shaimi, celui-là même qui a réalisé le rapport d'audit ! Nommé par Dahir, M. Aït Haddout a été invité à céder sa place au nouveau directeur. Il ne tardera pas à recevoir la lettre officialisant son départ et nommant en même temps M. Shaimi directeur par intérim de l'ODECO. Datée du 13 juin 2002 et signe par le ministre lui-même, la correspondance en question est intéressante. Voilà ce qu'elle dit : “ J'ai l'honneur de vous faire savoir que SA Majesté le Roi a approuvé ma proposition de vous suspendre de votre fonction de directeur de l'ODECO et de faire assurer, à titre de directeur intérimaire, la responsabilité de gérer cet organisme par M. Shaimi Younès. Je vous prie, par conséquent, de procéder à une passation en bonne et due forme de consignes avec M. Shaimi Younès et de mettre à sa disposition le bureau, les documents et tout autre matériel de l'ODECO en votre possession“.