Pour Reporters sans frontières, l'émergence d'une presse libre ne dépend pas uniquement de la situation économique d'un pays. Ce constat s'appuie sur le dernier classement mondial en matière de liberté de la presse. Sur 139 pays, le Maroc occupe la 89ème place. «Le respect de la liberté de la presse n'est pas le privilège des pays riches. Des Etats comme le Costa Rica ou le Bénin sont là pour nous rappeler que l'émergence d'une presse libre ne dépend pas seulement de la situation économique d'un pays ». C'est l'une des conclusions majeures que l'on peut retenir du premier classement mondial de la liberté de la presse qui vient d'être publié par Reporters Sans Frontières (RSF). Disponible sur le site Internet (www.rsf.fr), ce document indique que dans les vingt pays les plus mal classés, figurent des Etats asiatiques, africains, américains et européens. Selon ce classement, l'Asie regroupe les cinq pays les plus liberticides au monde : la Corée du Nord, la Chine, la Birmanie, le Turkménistan et le Bhoutan. En tête de liste du classement de RSF, on trouve ex æquo la Finlande, l'Islande, la Norvège et les Pays-Bas. Aucun pays arabe ne figure dans les cinquante premiers dans ce classement. Au niveau du Maghreb, le Maroc est le mieux classé ( 89 e). On trouve ensuite l'Algérie (95e), la Tunisie (128e) et la Libye (129e). Sur le continent africain, le Bénin est le pays le mieux classé (21ème). Pourtant, celui-ci figure parmi les quinze pays les plus pauvres du monde selon le dernier rapport du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD). RSF estime qu'il existe une réelle liberté de la presse dans d'autres pays africains notamment l'Afrique du Sud (26e), le Mali (43e), la Namibie (31e) et le Sénégal (47e). Parmi les grandes surprises de ce classement, on trouve le Costa Rica qui occupe la15ème place. Ce pays est mieux classé que les Etats-Unis (17e). Selon Reporters sans frontières, le mauvais classement des Etats-Unis est lié essentiellement au nombre de journalistes interpellés ou incarcérés. Et d'ajouter que les arrestations souvent motivées par le refus des journalistes de révéler leurs sources aux tribunaux. Le Cuba occupe de son côté la 134ème place. C'est le seul pays de la région où il n'existe aucune pluralité de l'information et où des journalistes sont incarcérés, indique RSF. Quant à l'Europe, les Quinze sont bien classés, à l'exception de l'Italie (40e). « Dans ce pays, le pluralisme de l'information est sérieusement menacé », juge RSF. Pour étayer ce constat, Reporters rappellent « l'emprisonnement du journaliste Stefano Surace, condamné pour des délits de presse vieux de 30 ans, des cas de surveillance de journalistes, de perquisitions, de convocations judiciaires abusives et de saisies de matériel expliquent cette mauvaise place ». La France (11e) arrive seulement en huitième position des pays de l'Union Européenne (UE) en compte tenu certaines dispositions inquiétantes pour la protection du secret des sources et du placement en garde à vue de plusieurs journalistes au cours de ces derniers mois, explique-t-on auprès de RSF. La Turquie (99e) qui aspire à adhérer à de ce pays à l'UE es mal classée. «De nombreux journalistes sont encore condamnés à des peines de prison et des médias sont régulièrement censurés. Les entraves à la liberté de l'information sont particulièrement graves dans le sud-est du pays », constate RSF. Pour Reporters, « l'attitude d'Israël (92e) envers la liberté de la presse est ambivalente. Malgré de fortes pressions exercées sur la télévision et la radio publiques, le gouvernement israélien respecte la liberté d'expression des médias israéliens ». En revanche, en Cisjordanie et à Gaza, RSF a enregistré de très nombreuses violations du Pacte international relatif aux droits civils et politiques garantissant la liberté de la presse, ratifié par l'Etat hébreu. Reportes soulignent que depuis mars 2002, début de l'incursion de l'armée israélienne dans les villes palestiniennes, de très nombreux journalistes ont été malmenés, menacés, arrêtés, interdits de libre circulation, pris pour cible, blessés, privés de leur accréditation de presse ou encore expulsés.