Dans son classement mondial de la liberté de la presse, Reporters sans frontières (RSF) attribue la 131e place au Maroc sur un total de 166 pays. Les raisons de ce classement, plus dérisoire qu'injuste, s'expliquent par le cas Ali Lmrabet. Lecture d'un commentaire qui dénote les liens névrotiques du secrétaire général de RSF avec notre pays. Il n'y a pas de quoi être fier. Classé 131ème sur 166 pays. Derrière des pays comme l'Irak, la Mauritanie, l'Ouganda, la République centrafricaine ! La liberté de la presse au Maroc est très mal notée par RSF. Dans le commentaire du classement de 166 pays, le Maroc a eu droit à quatre lignes. C'est un traitement royal, compte tenu du petit réservé aux autres régions du monde. L'ensemble du préambule de RSF constitue, en effet, à peine deux pages. Le 131e pays, dans le Hit-parade des nations les plus libres, préoccupe donc au plus haut point cet organisme. Si l'on se réfère aux arguments qui nous valent d'être à la traîne, on comprend que cette préoccupation relève de la névrose. «Au Maroc (131e), les espoirs placés en Mohammed VI, au moment de son accession au trône en juillet 1999, ont été déçus. Les journaux indépendants demeurent sous la pression des autorités. Ali Lmarabet, directeur de publication de deux hebdomadaires satiriques, a été condamné, en juin 2003, à trois ans de prison pour “outrage à la personne du Roi”, suite à une série d'articles et dessins touchant des sujets tabous», lit-on. Ali Lmbaret est donc le principal acteur de la presse au Maroc. Bien mieux : à lui seul, il est le baromètre, l'indicateur infaillible, le représentant exclusif de la liberté de la presse au pays. Tant qu'il “écrit”, liberté de presse il y a. Dès qu'il suspend l'exercice de son journalisme, la presse entière coule. Ce monsieur est donc si important qu'il se confond avec la pratique du journalisme au Maroc ! S'il est toujours regrettable de mettre un journaliste derrière les barreaux, il faudrait un jour faire un sort à l'exercice du journalisme à la façon d'Ali Lmarabet et évaluer, justement, tout le tort qu'il a fait à toute une profession. Parce que si des risques de régression existent, c'est bien à cause de l'irresponsabilité et l'extrême légèreté dans le traitement qu'il fait de l'information. Il a confondu la liberté d'expression avec diffamation, approximation et quête inconsidérée du péril. Autre détail important à souligner, Ali Lmrabet était le correspondant de RSF au Maroc. En nous situant à la queue des pays les moins libres, Robert Ménard, secrétaire-général de RSF, fait payer à une nation entière le prétendu tort subi par son homme. Mais que vaut le classement de RSF pour s'en offenser ? Si l'on se réfère à la méthodologie employée, on constate qu'elle fait l'objet d'une opacité encore plus impénétrable que celle que reproche Ménard aux pays où une chape de plomb scelle l'exercice de la presse. En fait, la valeur scientifique de cette méthodologie est nulle. Il s'agit d'un formulaire de 53 questions adressées à des «personnes ayant une réelle connaissance de la situation de la liberté de la presse dans un ou plusieurs pays». Qui sont ces personnes ? Combien sont-elles ? On ne le saura jamais, parce que Robert Ménard en a décidé ainsi. Il suffit d'ailleurs de taper le nom de ce monsieur sur le moteur de recherches googles pour en apprendre de belles sur lui. Une masse impressionnante de doléances de journalistes indépendants dénoncent le silence de RSF sur des arrestations et emprisonnements de journalistes dans le monde. RSF les zappe, en dépit des SOS adressés par des journalistes. Ces derniers pointent du doigt l'arbitraire de cet organisme qui ferme les yeux sur certaines violations et en dénonce d'autres. Même le directeur du « Monde diplomatique», Ignacio Ramonet, a employé le verbe “manipuler” pour évoquer RSF. C'est cet organisme qui est manipulé ! Par qui ? Par des financeurs. RSF reçoit 44 % de ses moyens financiers de la Commission européenne. Dès que l'on parle d'argent, les limites de la liberté de la presse pointent leur nez. Quant à notre 131e position, il vaut mieux en sourire. Bien entendu, le Maroc n'est pas encore la Scandinavie, mais d'immenses pas ont été faits. Il suffit de comparer les sujets traités dans un périodique de 1985 et un journal de 2003 pour s'en convaincre. Dans la consolidation de cette liberté par la pratique, et dans le respect des institutions de l'Etat, RSF n'est en rien responsable. Dans les espaces qui restent à conquérir pour que la liberté de la presse soit complète au Maroc, RSF ne sera pour rien non plus. Le processus de la liberté de la presse est irrévocable, parce qu'il est inscrit dans le modèle de société vers lequel s'achemine le Maroc. Et Robert Ménard n'y pourra rien. Il connaît sûrement le proverbe arabe qui dit : «les chiens aboient, la caravane passe».