Avec son humour inimitable, notre confrère Jamal Berraoui brosse un tableau de l'esseulement que connait actuellement Ali Lmrabet, qui, selon Jamal, «a besoin de nous, parce que cette fois, la mayonnaise n'a pas pris». Pitoyable. Ils sont terribles à Reporters sans frontières (RSF). Des associations sahraouies ont estimé de leur droit de contester les concessions de Ali Lmrabet après son séjour chez le Polisario, la presse a suivi. RSF y voit une campagne orchestrée et traite la presse de gouvernemental. Dans le lot il y a Al Ahdate Assabah, Al Ittihad Al Ichtiraki et bien d'autres. Le seul moyen de trouver grâce aux yeux de M. Ménard et de ses acolytes c'est d'être avec Ali Lmrabet contre vents et marées. Mais que veut Ali Lmrabet ? La liberté d'expression. D'ailleurs, il se désolidarise de RSF et promet de donner un espace à ses détracteurs, dès qu'il aura son journal. Il nous promet aussi de nouvelles conquêtes en matière de liberté d'expression. Ainsi, ce que l'on voit à l'étalage des kiosques, les photos du Roi, les questions impertinentes, tout cela ne serait que du chichi. Ali nous promet le journalisme nouveau. Sa recette est connue, généreux, il nous l'a livrée depuis longtemps. Quand il y a 50% de chance qu'une info soit vraie, il faut la publier. Il faut raconter «tout ce qui se dit dans les cafés». Pour les mécontents il y a les droits de réponse tronqués. Nous autres, journalistes frileux qui recoupons l'information, varions les sources, nous cachons sûrement la vérité. Celle-ci ne sort que de la bouche des enfants et du disque dur de Ali Lmrabet. Ali n'est pas un défenseur de la liberté d'expression comme les autres. Il est défenseur de la liberté d'expression. Le problème cette fois, c'est son nouveau journal. Un hebdo qu'il compte confectionner tout en travaillant pour «El Mundo». Il n'est pas totalement fou le Ali, il a la nationalité française, un emploi de journaliste en Espagne et le titre de représentant de RSF, ça en fait des couvertures. Donc il veut ressortir son journal. Seulement les méchants, ils ne veulent pas. Pour avoir une autorisation il faut d'abord la demande. Selon sa version un flic de base l'a empêché d'approcher le procureur. Celui-ci dément bien sûr, (le procureur, pas le flic anonyme). En tout cas, Ali nous promet la totale, y compris la grève de la faim. Cette fois il faut qu'on le soutienne, mais il doit faire un effort. La dernière fois, même ses supporters les plus acharnés n'ont pu s'empêcher de remarquer «qu'il était plutôt bien portant pour quelqu'un qui a fait une grève de la faim de 40 jours!» Des ragots ont circulé, il aurait triché, il y a 50% de chance que cela soit vrai, alors en bon élève je publie. Cette fois, il faut que cela soit clean. Il devra faire sa grève dans un milieu public, place des Nations unies par exemple et devant les caméras. Personne ne pourra plus semer le doute sur la force de conviction du libérateur de l'expression. 2M nous offrirait un loft autrement plus aguichant. Pour tout vous dire, moi je veux surtout éviter la nouvelle mouture des 15 talents. Mais surtout quelle pédagogie pour nos enfants et futurs citoyens, une véritable leçon de l'engagement. D'ailleurs je prévois d'emmener les miens le voir. Ali a besoin de nous parce que cette fois, la mayonnaise n'a pas pris. Tout obnibulé par ses combats, notre Don Quichotte n'a pas vu le temps passer. Ainsi il n'a pas pu s'apercevoir que Benzekri lui avait volé la vedette et de belle manière. Même le clan anti-marocain le plus farouche prend des précautions aujourd'hui, pour s'attaquer à la crédibilité de la volonté de démocratisation. Ses sorties à lui n'ont pas arrangé ses affaires, qu'il s'acoquine avec le Polisario passe encore. Qu'il aille jusqu'à affirmer qu'à Tindouf il n'y a que des convaincus, il prend ses lecteurs pour des idiots. France libertés et des ONG danoises, après avoir enrichi Abdelaziz, se sont rendu compte de la supercherie et ont dénoncé les camps de la honte. Son rapprochement «professionnel» avec Driss Basri n'augmente pas sa crédibilité, de même que le rôle joué dans la transmission de l'ignoble entretien posthume de Mandari n'améliore pas sa fréquentabilité. A l'étranger ou à l'intérieur le cas Ali Lmrabet n'intéresse plus grand nombre. Ses amis habituels se sont limités au service minimum. Moi je veux l'aider. D'abord par une suggestion de vieux bricard cynique, pourquoi ne pas la jouer à la Marocaine ? Ali, malgré toute la haine que tu as pour le Maroc et les Marocains, tu peux faire demander une autorisation par un proche ou un ami et prendre la direction de la rédaction et le tour est joué ! Tu vois, la dictature makhzénienne n'est pas aussi hermétique que tu le laisses entendre. Ensuite, je te fais une proposition, je veux bien me dévouer pour te chercher le titre, mais on partage tout. Le fric, bien sûr, mais aussi l'espace, 8 pages chacun. Cela constituera la meilleure illustration de ta conception de la liberté d'expression. On fera deux éditoriaux sous forme de Tirs croisés et on s'insultera mutuellement à longueur de pages. Cela ne consolidera en rien la démocratie, mais qu'est-ce qu'on s'amusera ! Faisons-le Ali, j'ai trop de temps libre. • Jamal Berraoui Journaliste