Le président de l'association sahraouie pour la défense des droits de l'homme, Messaoud Ramdane, estime que le sit-in du 3 février n'est pas dirigé contre la personne d'Ali Lmrabet, mais contre les sévices que subissent les populations civiles séquestrées à Tindouf. ALM : Votre association a participé au sit-in du 3 février. Pourquoi avoir organisé cette manifestation? Messaoud Ramdane : Je tiens à souligner que nous avons décidé d'organiser cette manifestation depuis plusieurs mois. Notre but a été de condamner le silence du gouvernement, des partis politiques et de certaines associations de défense des droits de l'homme au sujet de la répression aveugle que subissent les sahraouis séquestrés dans les camps de Tindouf. Des dizaines de civils sahraouis, des membres de nos familles, sont aujourd'hui emprisonnés et torturés par le polisario, à cause de leurs opinions politiques. C'est un fait que beaucoup de Marocains ignorent. Les instances officielles ne parlent malheureusement pas d'eux. Que vient faire le journaliste Ali Lmrabet dans cette affaire? Tout d'abord, je souhaite préciser une chose très importante. La manifestation du 3 février n'a pas été organisée pour condamner exclusivement les déclarations d'Ali Lmrabet. Certains milieux veulent faire croire à l'opinion publique que nous agissons contre lui. C'est tout à fait faux. Ali Lmrabet ne mérite pas que des dizaines de militants se déplacent pour manifester contre lui. Non, notre sit-in a une portée beaucoup plus importante. Ceci dit, nous avons dénoncé sévèrement ces déclarations dans dans les journaux Al Mostakil et El Mundo. Lmrabet a estimé que les Sahraouis dans les camps de Tindouf jouissent d'une liberté totale. Mais cette affirmation est entièrement fausse. Figurez-vous pour se rendre d'un camp à un autre, il faut une autorisation écrite du gouverneur politique du polisario. Nos proches séquestrés à Tindouf souffrent énormément. Et dire le contraire c'est tromper l'opinion publique et participer aux crimes commis. En clair, nous n'avons aucun problème personnel avec Lmrabet. Ce que nous voulons c'est qu'il corrige ses informations car il ne semble rien connaître sur la réalité des populations civiles de Tindouf. Un communiqué de Reporters sans frontières a sévèrement critiqué votre démarche. Qu'en pensez-vous? J'ai personnellement parlé à des responsables de Reporters sans frontières. Ils m'ont contacté pour comprendre les motifs de notre sit-in. Nous leur avons expliqué que nous agissons, non pas contre Ali Lmrabet, mais pour que la vérité dans les camps de Tindouf soit connue de tous. Nous respectons la liberté d'expression et la liberté des médias. Mais cela ne veut pas dire que nous devons nous taire quand des énormités sont publiées. Ils ont pris note de nos déclarations. Mais malheureusement, leur communiqué a censuré nos propos. J'estime que c'est dommage. Pourquoi n'avez-vous pas réagi auprès des journaux qui ont publié les propos de Lmrabet? Nous avons effectivement envoyé un communiqué à la rédaction d'El Mundo. Nous leur avons expliqué que le polisario ne respecte aucun droit des civils séquestrés dans les camps. Mais notre communiqué n'a jamais été publié par El Mundo. Pour revenir au but même de votre sit-in, quel impact a-t-il eu? Je peux dire que l'impact a été positif. Certains partis politiques, comme l'Istiqlal, ont rendu publics des communiqués dans lesquels ils manifestaient leur solidarité avec les civils séquestrés par le polisario. Ils ont également condamné les déclarations irresponsables qui soutiennent le contraire. D'autres formations politiques et des associations de défense des droits de l'homme ont demandé à nous rencontrer pour que nous leur expliquions la réalité des civils séquestrés à Tindouf. Je pense que nous avons ainsi atteint notre but. Sensibiliser la classe politique et associative marocaine aux graves atteintes aux droits des civils résidants, malgré eux, dans des camps de misère. Comment êtes-vous informés de la situation de vos proches à Tindouf? Nos proches qui habitent sur place nous contactent régulièrement et nous les appelons aussi. Les mesures de confiance instaurées dernièrement nous permettent également de rester au courant de la réalité sur le terrain.