Un collectif d'associations sahraouies a organisé des sit-in à Rabat pour dénoncer la passivité des autorités publiques, des partis politiques et de la société civile face aux déclarations du journaliste Ali Lmrabet sur la question du Sahara. La société civile sahraouie s'est mobilisée, ces derniers jours, pour dénoncer le silence des autorités publiques, des forces politiques et des parlementaires marocains face aux déclarations du journaliste franco-marocain, Ali Lmrabet à la presse dans lesquelles il affirme que les Marocains séquestrés à Tindouf jouissent, selon lui, de la liberté de circulation et qu'ils sont libres de quitter les camps s'ils le veulent. Ce soi-disant constat fait par Ali Lmrabet suite à la visite qu'il avait effectuée dans les camps de Tindouf en novembre dernier, a été dénoncé par un collectif d'associations sahraouies qui estiment que les déclarations du journaliste au quotidien espagnol “El Mundo” portent atteinte à la mémoire de tous ceux qui ont sacrifié leur vie pour la défense de la patrie. "Rien ne symbolise mieux l'intention affichée du nommé Lmrabet de nuire à son pays et à son peuple que sa visite aux camps de Tindouf, là où sont retenus contre leur gré des milliers de nos frères qui n'aspirent qu'à retrouver les leurs au Sahara marocain, là où sont encore détenus, au mépris du droit, 410 membres des Forces armées royales", indique le communiqué du collectif associatif sahraoui. Les associations sahraouies rappellent que la situation dans les camps de Tindouf est totalement différente de l'image angélique que M. Lmrabet a décrit dans ses déclarations à certains journaux ou dans les articles qu'il a signés sur les pages d'“El Mundo”. "Rien n'est plus édifiant sur sa trahison que son témoignage spécieux sur une prétendue liberté de circulation dans ces camps alors qu'il ne s'agit, en réalité, que d'immenses lots de terrain organisés en pénitenciers avec sentinelles et miradors. Ceux d'entre nous qui ont pu fuir ces lieux maudits pour regagner leur patrie, le Maroc, ont bravé la mort. Ils le savaient. Beaucoup d'entre eux l'ont payé de leur vie", rappelle le communiqué. Par la même occasion, les associations signataires du communiqué ont dénoncé la passivité tant des autorités que des forces politiques nationales face aux déclarations d'Ali Lmrabet. "Nous constatons, nous membres desdites associations, que les autorités publiques ont déserté ce champ laissant cet individu souiller impunément nos valeurs patriotiques et notre honneur. Elles se sont tapies dans un silence incompréhensible, voire coupable. Ce que nous déplorons", souligne le communiqué. Les neuf associations signataires du communiqué ont aussi critiqué les forces politiques et les parlementaires pour l'absence d'une réaction officielle et d'une prise de position responsable face aux sorties médiatiques de Lmrabet. "Nous ne comprenons pas non plus l'absence de réaction des mandataires du peuple réunis dans les deux Chambres du Parlement, pas plus que la passivité des partis politiques et de la société civile dans toutes ses composantes", s'exclament les signataires avant d'ajouter que "la question du Sahara est pourtant une affaire de toute la nation, et sa défense est un devoir national auquel nul ne peut se soustraire". Aussi, les associations sahraouies ont-elles lancé un appel pour exiger une réaction de la part des autorités et des forces politiques les appelant à prendre les mesures qui s'imposent. "Notre peuple n'a d'existence que dans la dignité pour tous, et c'est dans cet que nous engageons les autorités et les forces politiques du pays à la ferme réaction qu'exigent les circonstances", souligne le communiqué. Par ailleurs, et pour protester contre la passivité des forces politiques nationales quant aux allégations de M. Lmrabet, les associations en question ont organisé, le 3 février, trois sit-in devant le siège du Parlement, le ministère de la Communication et l'Association marocaine des droits humains (AMDH). Ces actes de protestation ont été organisés, selon les organisateurs, pour dénoncer les positions "irresponsables" d'Ali Lmrabet vis-à-vis des citoyens séquestrés dans les camps de Tindouf dans le sud-ouest algérien. Dans une déclaration à la presse à cette occasion, le porte-parole officiel des associations des droits de l'Homme dans les provinces du Sud, Ahmed El Kheir, a indiqué que "les récentes déclarations à la presse du dénommé Lmrabet sont inadmissibles au vu de l'acharnement qu'elles comportent à l'encontre de l'unité du Maroc et des allégations mensongères et des contre-vérités qu'elles véhiculent dans le seul et unique objectif d'encourager les pratiques inhumaines du Polisario à l'égard de nos familles séquestrées dans ces camps". M. El Kheir a aussi expliqué que "ces sit-in constituent également un appel lancé au Parlement et au gouvernement pour qu'ils assument leur responsabilité envers les agissements irresponsables de Lmrabet, mais aussi une invite à tous les militants de l'AMDH pour agir et soutenir les associations des droits de l'Homme des provinces du Sud dans leurs actions visant à démasquer les pratiques inhumaines que subissent les Marocains séquestrés dans les camps de Tindouf en Algérie". Par ailleurs, une campagne de solidarité avec Ali Lmrabet a été lancée par des associations polisariennes. Dans un communiqué rendu public le 1er février, l'union des journalistes et écrivains sahraouis (UPES) a annoncé son soutien au journaliste marocain. “L'Union des journalistes et écrivains sahraouis exprime sa solidarité avec le journaliste marocain, Ali Lmrabet, ainsi que son soutien inconditionnel et appelle les unions internationales de journalistes et les associations de droits humains à se mobiliser pour défendre cette voix libre que le Makhzen cherche à intimider”, indique le communiqué de l'UPES. Ce soutien émanant du Polisario est une autre preuve de la trahison du journaliste marocain à son pays, selon le collectif d'associations marocaines des provinces du Sud. Celles-ci lancent un appel aux pouvoirs publics et à la société civile et politique pour que chacun assume ses responsabilités et abandonne la politique de la passivité face à la multiplication des déclarations injurieuses du journaliste Ali Lmrabet sur la question du Sahara.