Les Marocains interrogés sont partagés à 58,9% sur l'égalité des droits et obligations entre les femmes et les hommes au sein de la famille. D'autant plus que 50,1% supposent que l'égalité des droits doit prendre en compte le droit légal de la mère de bénéficier de la tutelle sur ses enfants. Les avis des Marocains divergent sur la mise en œuvre de la Moudawana. C'est ce qui ressort d'une enquête révélée, mardi 26 juillet, par le ministère de la solidarité, de la femme, de la famille et du développement social. Celle-ci couvre un échantillon représentatif de 1.200 individus sur plusieurs régions du Maroc et s'intéresse à des questions telles que l'assimilation des dispositions du code de la famille par les Marocains ainsi que l'évolution de leur perception sur la relation homme-femme au sein de la famille. Détails. Plus de dix années se sont écoulées depuis l'entrée en vigueur de la Moudawana, et pourtant elle reste méconnue dans certains milieux. Selon l'enquête réalisée par le ministère de la solidarité, de la femme, de la famille et du développement social, 13,4% des interrogés n'ont aucune idée sur l'application de ce code. Pour 91,1% en 2015 la radio et la télé restent les principaux outils de vulgarisation de la Moudawana, contre 74% en 2009. Les résultats révèlent également que le bouche-à-oreille et les discussions avec l'entourage restent le deuxième moyen de vulgarisation (18,3%). La presse écrite intervient, quant à elle, en 3ème position. Redéfinition du mariage Sur la question relative à l'amélioration des relations homme-femme, ils sont 22,7% des sondés à penser que la Moudawana a grandement amélioré les liens au sein du couple. S'agissant des droits des femmes au sein de la famille, les interrogés ont, à 61%, déclaré que le code a donné plus de droits à la femme, contre 70% en 2009. À l'inverse, 2,7% seulement ont affirmé que cette loi est plus favorable aux hommes et 4,9% aux enfants. Ceci au moment où 16,7% pensent qu'elle a accordé davantage de droits à toute la famille. Quant à la prise en charge partagée des époux, 68,8% considèrent que celle-ci signifie, selon leur point de vue, une responsabilité qui revient au couple, c'est-à-dire, à l'homme et à la femme équitablement, contre 24% qui estiment que cela dépend «traditionnellement» de la nature de cette responsabilité. Par ailleurs, l'évaluation de cette responsabilité partagée du couple révèle que 80% des sondés sont satisfaits de la vision incluse dans l'article 4 du même code à ce sujet. Pour rappel, cet article fait référence à la définition du mariage comme étant «un pacte fondé sur le consentement mutuel et une union légale et durable, entre un homme et une femme. Il a pour fin la fidélité, la pureté et la fondation d'une famille stable sous la direction des deux époux». Le premier argument cité par 29,9 % des interrogés renvoie à sa concordance avec la réalité actuelle de la famille marocaine. Les tabous persistent L'enquête s'est ensuite focalisée sur l'évaluation des nouveautés apportées à la Moudawana. De ce fait, 87,9% des Marocains objets de l'enquête pensent que l'augmentation de l'âge du mariage à 18 ans est une bonne décision. Par contre, il reste que 16,1% sont contre les conditions restrictives de la polygamie. En outre, 92,9% sont d'accord que recourir à l'analyse ADN est la meilleure méthode pour trancher en cas de non reconnaissance de l'enfant, par le futur époux. Pour la résolution des conflits familiaux, largement plus de la majorité, précisément 79,9%, estiment que les discussions à l'amiable sont la première étape. Quant aux perspectives d'avenir, les Marocains interrogés sont partagés à 58,9% sur l'égalité des droits et obligations entre les femmes et les hommes au sein de la famille. D'autant plus que 50,1% supposent que l'égalité des droits doit prendre en compte le droit légal de la mère de bénéficier de la tutelle sur ses enfants. Par ailleurs, le genre reste l'argument principal exprimé par les personnes questionnées, réticentes à l'égalité des droits et des obligations au sein de la famille, selon les conclusions du ministère. Dans le même sens, 54% de la tranche interrogée seulement admet que les hommes doivent participer aux tâches ménagères, et 78% refuse de considérer la participation de la femme à ces tâches comme une contribution financière au foyer, et estime qu'il fait partie de son devoir naturel. Par conséquent, 45% des Marocains interrogés estiment qu'il est temps qu'un nouveau code de la famille voie le jour. Les pistes à améliorer Concernant les articles faisant l'objet de modifications sur l'ensemble de l'enquête, le ministère a conclu à travers les différents avis qu'il s'agit d'abord de l'article 20, celui-ci doit interdire le mariage des jeunes filles de 12 à 16 ans. Ensuite l'article 49, qui suggère la rédaction d'un écrit sur lequel le couple doit se mettre d'accord sur la gestion des revenus. Celui-ci doit être intégré à l'acte de la demande en mariage. En revanche, l'enquête recommande la modification de l'article 156 que le recours à l'expertise médicale devrait être généralisé dans le cas où l'enfant n'est pas reconnu par le père. Au final, l'enquête conclut que la tutelle sur les enfants ne devrait pas être sous conditions pour la mère. Leila Ouchagour (Journaliste stagiaire)