La campagne électorale pour les élections locales du 10 octobre a débuté officiellement jeudi en Algérie. Les deux inconnus de ce scrutin seront le taux de participation, qui avait déjà été très faible lors des élections législatives du 30 mai, et le déroulement de la campagne et du scrutin en Kabylie, où les Arouchs (comités de villages) appellent au boycott. La campagne électorale pour les élections locales du 10 octobre a débuté officiellement jeudi en Algérie. Les deux inconnus de ce scrutin seront le taux de participation, qui avait déjà été très faible lors des élections législatives du 30 mai, et le déroulement de la campagne et du scrutin en Kabylie, où les Arouchs (comités de villages) appellent au boycott. C'est de Kabylie qu'est partie la révolte des jeunes, avant de s'étendre au reste de l'Algérie. Malgré une répression sauvage, qui a entraîné des dizaines de morts, les manifestations de révolte se poursuivent et s'intensifient. C'est un pouvoir corrompu, sanguinaire et arrogant qui est rejeté par la quasi totalité de la société, répète-t-on. C'est pourquoi, des hommes politiques algériens, comme Saâd Sadi, leader du RCD, qualifient les communales de «caution à un crime d'Etat» et que le destin de l'Algérie est en train de se jouer en Kabylie. A ce propos, il précise qu'il appartient au politique de bien lire cette crise et «Bouteflika doit comprendre que la ruse n'est pas de l'intelligence». Ceux qui ont pris la parole dans la rue sont d'abord les exclus. Pour comprendre ce qui se passe en Algérie, et non seulement en Kabylie, on peut se référer à l'analyse d'un sociologue. Il écrit, «expliquer le soulèvement en invoquant le chômage, la question du logement…, c'est confondre causes et effets, opérer une réduction de la complexité des rapports sociaux en œuvre pour l'évacuation de ce qui constitue le nœud central de l'Algérie d'aujourd'hui : le champ de la marginalité.» Ce champ de la marginalité est devenu un véritable continent où vivent, désemparés, quelque 12 millions d'Algériens. Et, ils ne sont pas les seuls. Ces dix dernières années, ils ont été rejoints par les élites, les classes moyennes qui ont intégré le jeu politique par les syndicats, le Parlement ou les institutions de l'Etat. Ils sont à leur tour rejetés. L'Algérie est menacé e par un double péril : la guerre civile et la tentation indépendantiste kabyle. Les élections locales interviennent dans cette ambiance d'exclusion de l'écrasante majorité des Algériens qui au lieu d'aller aux urnes s'attaquent à ce qu'il reste du service public. En s'en prenant à toutes les expressions matérielles de l'Etat, la masse des laissés pour compte ne vote-t-elle pas à sa façon ?