Mahjoubi Aherdane a peut-être serré la main de son enfant adoptif mais rebelle. La réconciliation avec Mohand Laenser s'arrête à une poignée de main. Le rapprochement fêté en grandes pompes il y a quelques semaines entre le MP et le MNP s'est avéré une récurrence de forme qui sied tout à fait à la mouvance populaire. La cérémonie à laquelle ont assisté les leaders des deux partis, Mahjoubi Aherdane et Mohand Laenser a versé beaucoup plus dans la symbolique circonstancielle que dans le rapprochement de fond dûment planifié dans toutes ses variantes. La présence du fondateur du mouvement populaire, Abdelkrim Khatib, n'était qu'un feu d'artifice politique à caractère politicien. Sinon comment expliquer que le secrétaire général du PJD soit invité à cautionner une conciliation programmée sans que le parti de référence islamiste n'en soit partie prenante ? La présence de Khatib avait d'ailleurs suscité beaucoup de commentaires quant à sa réelle signification. Certains ont même conclu que le PJD allait se fondre dans un mouvement islamo-populiste composé du PJD, du MP, et du MNP. La tentation paraît grande puisque ce cocktail aurait enfanté une force politique appréciable, si ce n'est que tout ce branle-bas n'était qu'un scénario préélectoral. Il s'est avéré par la suite que l'alliance entre les deux mouvances populaires était fondée sur une vision limitée et délimitée par la conjoncture. Il s'agit ni plus ni moins d'une campagne de marketing politique qui coïncidait, comme par hasard, avec l'approche des élections législatives. Une opération qui n'est pas mauvaise du tout, sauf qu'elle est mise à nu aujourd'hui, avec toute l'incohérence de tout ce qui est spontané, précipité et non planifié. Autrement, du rapprochement, il ne reste que le verbiage puisque sur le terrain, rien n'a été transformé en concret. La méfiance mutuelle entre les deux frères ennemis n'a pas diminué d'un seul cran pour qu'elle puisse s'étendre aux structures des deux partis. Le MP et le MNP abordent les élections législatives en ordre dispersé sans la moindre coordination. Ils n'ont opté ni pour une liste commune, ni pour une stratégie bien définie qui puisse éviter l'affrontement de leurs candidats dans une même circonscription dans la chaleur infernale de la campagne électorale. On ne peut reconstruire une maison sans fondement, surtout quand il faut la réédifier sur les décombres d'une scission dévastatrice. Le vieux renard de l'Atlas, Mahjoubi Aherdane, a peut-être serré la main de son enfant adoptif mais rebelle. Mais la réconciliation avec Mohand Laenser s'arrête à une poignée de main, voire à des accolades sans que la famille dispersée depuis des années puisse revivre sous le même toit. Les temps ont changé, les ambitions ont grandi et les hommes ont perdu des habitudes et en ont inventé d'autres. Les enjeux électoraux ne peuvent qu'élargir le fossé entre le MP et le MNP qui ne peuvent aspirer à des retrouvailles qu'après le 27 septembre. Autrement, le meilleur qui puisse leur arriver pendant la campagne électorale, c'est d'observer une armistice à même de ne pas insulter l'avenir.