Mohand Laenser, secrétaire général du Mouvement populaire (MP), est confiant dans l'avenir de l'alliance électorale opérée avec le MNP de son ennemi d'hier, Mahjoubi Aherdane. Quel est la nature du rapprochement, inimaginable il y a quelque temps, que le MP et le MNP a décidé d'officialiser ce dimanche 7 juillet ? Mohand Laenser : Il est vrai que ce rapprochement n'était pas possible à un moment donné à cause de désaccords personnels. Mais les choses ont changé. Le MP et le MNP, issus de la même famille politique, ont cependant le même programme et la même offre politique. Vous faites allusion au différend qui vous oppose au leader du MNP Mahjoubi Aherdane qui vous a tenu pendant longtemps rigueur de l'avoir éjecté du MP… En fait, entre Aherdane et Laenser, les rapports sont restés cordiaux malgré cet épisode qui date de 1986. Depuis cette époque, beaucoup de choses ont changé au Maroc dans un sens positif. La preuve, la sagesse a fini par prendre le dessus. C'est ce qui a permis aujourd'hui de dépasser les malentendus à la mouvance populaire et de se retrouver autour d'un idéal d'union. Cette alliance MP-MNP ne serait-elle pas purement électoraliste ? Il est vrai qu'il s'agit dans un premier temps d'une alliance électorale et non électoraliste. C'est un début qui va permettre aux deux partis d'évoluer au-delà de ce rapprochement dans la perspective des élections, puisque nous avons fait au préalable de la réunification de nos deux forces un choix stratégique. … qui pourrait aboutir à terme à une fusion des deux entités avec un seul chef ? Absolument et même une fusion avec des alliances encore plus larges. Par alliances plus larges, vous entendez le MDS de Mahmoud Archane et l'Union démocratique de Bouazza Ikken qui est sorti récemment du cocon du MP. Pourquoi ces deux mouvements n'ont-ils pas été invités à rejoindre cette dynamique d'union ? La plate-forme d'union est ouverte à toutes les composantes de notre mouvance. Nous les avons pas associées à cette opération par prudence. Car nous ne voulions pas que cette union qui s'amorce se transforme en feu de paille. Nous avons décidé d'aller doucement par petits pas afin de garantir le succès de notre alliance avant de fédérer tout le monde autour d'un seul et unique pôle. Et le Wifak ? Le wifak est un ensemble qui existe et dont nous sommes toujours partie prenante. Avez-vous avancé sur le plan de l'alliance électorale et décidé des listes uniques que vous envisagez de présenter ensemble ? Un groupe de travail issu de nos deux formations va se réunir dans les jours qui viennent pour étudier les circonscriptions où il est possible de conjuguer nos forces. Le MP et le MNP ambitionnent-ils de représenter la première force politique du pays ? C'est une ambition légitime. Lors du scrutin législatif de 1997, la mouvance populaire dans son ensemble a enlevé quelque 84 sièges, soit plus que la Koutla et le Wifak. Mahjoubi Aherdane reste toujours cramponné au mode de scrutin uninominal à un seul tour. Cela ne risque-t-il pas de contrarier votre stratégie d'unité ? Le courage et la sagesse politiques auraient commandé de garder ce mode d'élection et de ne pas s'aventurer, à quelques mois des élections, dans le scrutin de liste. Or, le réalisme à la marocaine en a décidé autrement. Si d'aventure on n'arrive pas à faire passer le dispositif électoral dans son ensemble dans un délai de 45 jours, on sera obligé de revenir à l'ancien système. M. Aherdane est connu pour son caractère imprévisible. Ne craignez-vous pas qu'il fasse foirer ce projet d'union avant même sa naissance ou qu'il fasse marche arrière juste après les retrouvailles ? C'est pour cela que nous avons convenu d'un commun accord de ne pas se précipiter. Qui va doucement va plus loin. Quant à Mahjoubi Aherdane, il est attaché plus que jamais au choix du regroupement de la famille populaire. Est-ce que vous vous voyez en futur Premier ministre ? Écoutez, notre souci actuel est de coordonner les efforts du MP et du MNP pour réaliser une bonne performance lors des élections de septembre prochain. Pour le reste, ce sont les résultats qui commandent.