Après plusieurs mois de tergiversations, les partis de Mohand Laenser et de Mahjoubi Ahardane ont annoncé hier leur fusion à Rabat. Maillon faible de la Mouvance populaire, l'UD de Bouâzza Ikken est mise devant le fait accompli. Après plusieurs mois de tergiversation, l'Union des Mouvements populaires (UMP) composée du MP de Mohand Laenser, du MNP de Mahjoubi Ahardane et de l'UD de Bouâzza Ikken, a accompli un important pas vers la concrétisation des objectifs de fusion pour lesquels Mohamed Lyoussi du MP a travaillé d'arrache-pied dans la discrétion totale. En effet, les comités centraux des deux premières formations, à savoir le MP et le MNP, ont annoncé, hier dimanche 22 mai 2005 à Rabat, leur fusion totale et définitive. En vertu de ce mariage, les deux partis donneront naissance à une seule et même entité: le Mouvement populaire. De prime abord, l'Amghar, Mahjoubi Ahrdane, a expliqué, dans un style qui lui est propre, que par cette décision "personne ne va avaler personne". C'est plutôt un rétablissement des choses à leur endroit. Et pour cause, Mahjoubi Ahardane avait décidé, à l'issue du congrès de Marrakech en 1986, de créer son propre parti baptisé Mouvement national populaire (MNP). Lors de ce congrès Mohand Laenser avait réussi à écarter l'Amghar et à se faire élire au poste de Secrétaire général, grâce, dit-on, à l'intervention de milieux étrangers au parti et qui faisaient la pluie et le beau temps dans le champ politique marocain. En un seul mot: le ministère de l'Intérieur de l'époque. En tout cas, depuis deux ans environ, les ennemis d'hier ayant compris que la fusion était le moyen unique de s'assurer une place de choix dans l'échiquier politique, ont décidé d'entamer un processus de rapprochement qui devrait se solder, si tout va bien, par une fusion totale. C'est chose faite. L'annonce officielle de cette fusion entre le MP et le MNP n'est pas une fin en soi. Pour que ce mariage soit définitif, les deux partis doivent convoquer leurs congrès respectifs pour une session extraordinaire. Ce sont ces mêmes congrès qui décideront la dissolution des partis et la création d'une nouvelle formation: le Mouvement populaire. Mais pour des raisons logistiques tout à fait légitimes, le MP et le MNP ont décidé de reporter la tenue de ces congrès à l'après adoption de la loi sur les partis par le Parlement, c'est-à-dire dans quelques semaines seulement. Car une fois que cette loi sera entrée en vigueur, tous les partis devront se conformer avec les dispositions qu'elle contient. En effet, cela reviendrait à faire d'une pierre deux coups. Compte tenu du fait que l'organisation d'un congrès coûte cher, le MNP et le MP vont convoquer leurs congrès extraordinaires, d'une part pour se mettre en conformité avec les dispositions de la loi sur les partis, et d'autre part pour entériner la création d'une nouvelle formation. Toutefois, ce mariage ne s'est pas déroulé comme espéré par l'ensemble des militants des trois formations. L'Union démocratique (UD) de Bouâzza Ikken n'est pas partie prenante dans cette entreprise. Après avoir clairement affiché son refus de participer, "à l'heure actuelle", à une fusion des partis de l'UMP, Bouâzza Ikken est finalement mis devant le fait accompli. Le président de l'UD était présent lors de la réunion des comités centraux du MP et du MNP, en qualité d'observateur, mais également en tant que membre de la présidence de l'UMP. A ce titre, il a félicité les deux partis d'avoir franchi ce nouveau pas vers la réunification. Bouâzza Ikken a également expliqué qu'il n'était pas encore préparé pour participer à cette entreprise, tout en promettant de rejoindre le nouveau Mouvement populaire "très bientôt". Bouâzza Ikkken n'a pas avancé de date précise. Mais l'un des membres du bureau politique de l'UD, Belhaj Dermoumi, a souligné que son parti va prendre le train (de l'Union) en marche dans un an au plus tard. En d'autres termes, avant les prochaines échéances électorales. Maintenant que la fusion du MP et du MNP est quasiment définitive, qu'est-ce qui va changer dans l'action du pôle haraki? En fait, les observateurs les plus pessimistes estiment que sans une véritable démocratie interne et une ouverture sérieuse sur les compétences, le pôle haraki risque d'être une structure dont les ambitions n'iront pas loin.