Les trois composantes de la mouvance populaire, MP, MNP et UD, ont adopté, samedi 20 décembre, à Rabat, les statuts d'une structure commune baptisée la Mouvance populaire unifiée (MPU) appelée dans un proche avenir à se substituer aux trois partis. Les dirigeants des trois mouvements estiment qu'ils sont lésés par rapport à leur poids électoral réel. Ils jugent que leur présence, dans les rouages de l'Etat en tant que ministres et ambassadeurs, est inversement proportionnelle à leur représentativité populaire. Les trois partis du pôle Haraki ont jeté, le week-end dernier, les bases d'un processus d'unification qui se veut solide. Les trois comités centraux du Mouvement populaire (MP) de Mohand Laenser, ministre de l'Agriculture, du Mouvement national populaire (MNP) de Mahjoubi Ahardane et de l'Union démocratique (UD) de Bouâzza Ikken ont approuvé samedi dernier les statuts d'une nouvelle entité baptisée Mouvance populaire unifiée (MPU). Cette structure sera appelée, à terme, à prendre la place des trois formations. En d'autres termes, le MP, le MNP et l'UD conservent leur autonomie de gestion, d'organisation et de décision. Toutefois, l'acte de naissance de la MPU prévoit l'engagement des trois formations à agir pour établir une fusion totale. La MPU est constituée d'une présidence, un comité national de coordination, un comité d'études et d'animation et une coordination régionale. Financièrement, une caisse commune pour la MPU sera alimentée par les trois partis. Réunis à l'Institut Moulay Rachid de Salé, les membres des comités centraux des trois partis ont eu l'occasion d'écouter les discours de leurs leaders. La salle était comble. Il y avait tous les ministres du pôle Haraki, notamment Saïd Oulbacha, Mustapha Mechaouri et Mohamed Morabit, respectivement chargés de la Formation professionnelle, du Commerce extérieur et de l'environnement. Plusieurs autres députés et conseillers ont également été présents. Les trois leaders, Laenser, Ahardane et Ikken, réunis en public pour la première fois depuis plusieurs années, ont insisté sur la marginalisation dont font l'objet leurs partis. Ils estiment par exemple qu'ils sont constamment écartés des nominations des ambassadeurs et des gouverneurs. Par ailleurs, ils vont militer pour rétablir le scrutin uninominal. C'est une condition pour que l'union soit effective. Lors de son allocution, Mohand Laenser a souligné que la création de la Mouvance populaire unifiée est un message politique fort. "Nous sommes la plus grande force politique au Maroc et nous devons être traités en tant que telle", a déclaré le ministre, en substance. Quand Laenser a annoncé que la présidence de la MPU a été attribuée à Mahjoubi Ahardane, toute la salle s'est levée pour ovationner ce dernier. Et pour cause, les statuts prévoient que la présidence sera tournante: un an pour chacun des trois secrétaires généraux et président. En attendant l'unification, c'est donc Mahjoubi Ahardane qui chapeautera la MPU. Ce dernier a exhorté les membres des trois comités centraux à travailler pour que cette unification ait lieu avant la fin 2004. En fait, Ahardane a estimé que le pôle Haraki est l'ennemi de lui-même. Il a affirmé que la MPU n'aurait aucun sens si elle n'est pas suivie d'actions concrètes. Et par "action concrète" Ahardane sous-entend mobilisation des troupes, des jeunes, des femmes et des cadres des trois partis. "Nous n'allons plus nous contenter d'applaudir", a lancé Ahardane. Dans sa déclaration, Bouâzza Ikken a souligné que malgré leur force au sein du Parlement, dans les collectivités locales et dans les chambres professionnelles, les trois partis composant la MPU n'ont pas réussi à pénétrer au sein des rouages de l'Etat. Le moment est donc venu de faire une véritable révolution interne. "Nous sommes appelés à promouvoir nos cadres, notre jeunesse et nos structures féminines", a insisté Ikken. Maintenant que le processus d'unification est entamé, la question de l'attitude des partis de la mouvance vis-à-vis du gouvernement est à l'ordre du jour. Le MP et le MNP sont au gouvernement, alors que l'UD n'en fait pas partie. Cette situation est, pour le moins, anormale. Et pour cause, l'UD est, mine de rien, le seul parti politique récemment créé et qui a réussi à sortir du lot. Par ailleurs, la place réservée au MP et au MNP au sein du gouvernement ne reflète pas leur véritable force. Pire, ils sont marginalisés par les autres partis qui forment la majorité. Certains de leurs secrétaires d'Etat, comme celui de l'environnement, n'ont toujours pas la délégation de signatures. L'USFP a accueilli trois conseillers de l'UD pour pouvoir former un groupe à la deuxième Chambre. "Comment voulez-vous que nos ministres travaillent convenablement dans ces situations?", s'interrogent les militants de la MPU. La lutte ne fait donc que commencer. "Cette lutte est d'ordre organisationnel", a précisé Ahardane. En tous les cas, les trois leaders ont réussi à tourner la page des hostilités et en ouvrir une autre, celle de la réconciliation et de la construction. La mouvance populaire a enfanté d'autres partis politiques, le MDS de Mahmoud Archane et Al Ahd de Najib Ouazzani. Ces derniers vont-ils rejoindre la MPU? Il faut certainement attendre la suite des évènements. Une fusion totale et définitive des trois partis, pourra encourager d'autres formations à les rejoindre. Pour ce faire, chaque formation doit abandonner une partie de sa souveraineté au profit de la MPU.