Les chefs des trois formations politiques composant la Mouvance populaire unifiée (MPU) se sont réunis, vendredi à Rabat, pour désigner les députés qui occuperont les postes-clés au Parlement. La manière n'a pas été du goût de tout le monde. Le cadre unioniste, voulu par les chefs de partis de la MPU, ne fait pas l'unanimité au sein des députés des trois partis composant le pôle haraki. Réunis vendredi à Rabat, avant l'ouverture de l'année législative par SM le Roi Mohammed VI, les députés du Mouvement populaire (MP), du Mouvement national populaire (MNP) et de l'Union démocratique (UD) ont eu la confirmation de ce qu'ils redoutaient depuis des semaines. Les noms des présidents et chefs de commissions ont été «désignés» et non pas élus. Désignés par les trois chefs de partis du pôle haraki, Mohand Laenser, Mahjoubi Aherdane et Bouazza Ikken, qui avaient présidé la réunion du vendredi. «Chaque chef de parti a placé un homme, et nous étions tenus de fermer nos gueules ou claquer la porte», nous indique un député de la MPU qui était présent au rendez-vous. Personne n'a claqué la porte, mais près de la moitié des parlementaires de la nouvelle formation forte à la Chambre des représentants, 74 sièges, ne sont pas venus. Ils connaissaient déjà les noms qui occuperaient les postes de responsabilité dans la MPU. Sans surprise, Lahcen El Hassanaoui, député de l'UD, a été désigné comme président du groupe parlementaire de la MPU. Le premier vice-président de la Chambre des Représentants est Driss Sentissi (MP). Et certains ne désespèrent pas de placer Fatima Lakihel (MNP) huitième vice-président à la Chambre des représentants. En ce qui concerne le président de la Commission de l'intérieur, il s'appelle Mohamed Moubdiâ et c'est un député MNP. En tant que groupement disposant du plus grand nombre de sièges à la première chambre, la MPU choisit la commission qu'elle veut. Généralement, le choix du plus fort se porte sur la commission des Finances et du Développement économique. Mais rien n'est sûr. Certains députés pencheraient pour la commission de l'Intérieur et de la décentralisation. La MPU n'a toujours pas tranché sur la commission qu'elle va présider. Le compromis trouvé entre les trois partis pour la distribution des postes semble satisfaire tout le monde. L'argument présenté par l'UD, à savoir qu'il ne participe pas au gouvernement pour décrocher la présidence du groupe parlementaire, ne heurte personne. En revanche, La procédure suivie pour désigner les responsables du pôle haraki provoque l'ire de certains députés. «A l'heure où SM le Roi exhorte les partis à constituer des pôles forts et à faire preuve de démocratie interne, les chefs de la MPU font semblant de céder d'une main ce qu'ils retiennent de l'autre», martèle un député. Il explique que la constitution de la Mouvance populaire est en soi louable, mais à quoi bon la proclamer si elle continue de fonctionner selon les mêmes «schémas antidémocratiques» qui étaient en vigueur dans chacune des formations la composant ? Le député ajoute que les chefs de partis s'étaient mis d'accord avec les députés pour présenter plusieurs candidats à ces postes et les élire par vote. «Mais cela ne se fait nulle part», affirme Brahim Zerkdi, député MP. «C'est la direction du parti qui décide, et il n'y a pas lieu de parler de vote», ajoute-t-il. Il cite comme exemple le PJD où les députés avaient proposé comme chef de groupe Mustapha Ramid, alors que la direction l'avait rejeté, lui préférant Abdellah Baha. Saïd Ameskane, membre du bureau du MNP, est de son côté furieux contre les députés contestataires. Il indique que la démocratie n'a rien à voir dans cette affaire. «C'est pour des intérêts et des ambitions d'ordre personnel que certains grognent. Mais ils doivent savoir que tout le monde ne peut pas obtenir le poste qu'il convoite». Les députés mécontents doivent être très nombreux. En plus de ceux qui se sont abstenus de venir à la réunion du vendredi, seule une poignée de personnes a pris part au déjeuner dans un restaurant où des tables ont été réservées pour soixante personnes. «Il n'y avait pas plus de dix personnes à ce déjeuner», affirme un élu. Mais son mécontentement ne risque pas de mener très loin. S'il réclame l'anonymat pour s'exprimer, il est clair que le temps n'est pas encore à la confrontation directe dans la MPU. Et cette formation, disposant aujourd'hui d'une majorité en inadéquation avec ses pratiques internes, continuera de marcher comme auparavant.