Le leader du MNP trouve que la fusion de la famille harakie a pris beaucoup de retard qu'il fait assumer en partie au patron du MP, Mohand Laenser. Mahjoubi Aherdan, qui estime que son avenir est derrière lui, veut que cette union effective se fasse de son vivant. Après le fâcheux épisode d'avril dernier, date de la réélection du président de la Chambre des représentants, l'Union de la Mouvance Populaire (UMP) semble être enfoncée dans une torpeur politique. Les militants des trois composantes de l'Union, à savoir le MP, le MNP et l'UD ne savent plus à quel saint de vouer. L'image de marque de cette alliance a été sérieusement altérée. Le moral des troupes également. Et pourtant, les chantiers de l'avenir ne manquent pas. Il y a, tout d'abord, la traduction de l'union en réalité palpable. En plus de la constitution de groupes parlementaires unifiés, et une commission de coordination, la mouvance est attendue sur un autre registre. C'est-à-dire la création d'une seule et unique formation politique. Pour atteindre cet objectif, il est évidemment nécessaire de procéder à une convocation extraordinaire des congrès des trois partis politiques afin de décréter leur dissolution et la création d'une nouvelle formation. Sur ce point, justement, les trois chefs de partis ne sont pas tous d'accord. Pour le plus enthousiaste est sans nul doute l'Amghar, Mahjoubi Aherdan. Le secrétaire général du MNP espère concrétiser son rêve le plus tôt possible: unir la mouvance en créant un grand parti politique haraki. Moins passionné que l'Amghar, Mohand Lænser, le secrétaire général du MP, fait preuve d'un peu plus de réserve et de retenue. Sans se lancer tête baissée dans cette entreprise, le ministre de l'Agriculture espère tirer profit de cette fusion. Sa position est donc mi-figue mi-raisin. Le secrétaire général du MP semble vouloir arracher le maximum de concessions, en faisant languir Mahjoubi Aherdan. Ce dernier pourrait, en fin de compte, accepter un poste honorifique au sein de la future formation harakie. Quant à Bouâzza Ikken, le président de l'Union Démocratique, il est catégoriquement contre la fusion. Du moins dans l'immédiat. Sa position est on ne peut plus claire: avant de procéder à la fusion des trois partis, il faut que le gouvernement adopte un certain nombre de mesures d'accompagnement. C'est le cas, notamment, de la modification du mode de scrutin électoral. Bouâzza Ikken estime, en fait, que la mouvance n'a aucun intérêt à décréter la fusion, tant que le système de liste est toujours en vigueur. Sa vision purement électoraliste des choses n'est manifestement pas partagée par tout le monde. Toutefois, Bouâzza Ikken peut se consoler du fait que d'autres formations politiques dans l'actuelle majorité, notamment le parti de l'Istiqlal, appellent elles-aussi à une révision du mode de scrutin. Mais en attendant, le MP et le MNP pourraient facilement passer à la vitesse supérieure, sans l'Union Démocratique. En clair, Mohand Lænser et Mahjoubi Aherdan veulent zapper Bouâzza Ikken. Les conséquences d'un tel acte sont difficilement prévisibles. Certains parient que ce sera la fin politique de l'ancien procureur général du Roi. D'autres, en revanche, prédisent à Bouâzza Ikken, qui excelle dans le jeu des bras de fer, un nouveau souffle politique. Quelle que soit l'issue de cet énième épisode de la vie tumultueuse de la mouvance populaire, les dirigeants de cette denière doivent comprendre que l'avenir se construit grâce aux hommes et femmes qui forment leurs partis respectifs et leur union. Face à une carence en cadres compétents, surtout les jeunes, la guéguerre actuelle n'aura pour conséquence qu'une hémorragie des compétences.