Après avoir été élu président du Mouvement populaire, Mahjoubi Aherdan veut mettre son parti dans la course pour les échéances électorales de 2007. ALM : Votre élection à la tête du Mouvement populaire a-t-elle été pour vous une surprise ? Mahjoubi Aherdan : Je ne me suis jamais présenté pour être président. Pour moi, c'était une mission, une volonté de travailler et d'agir pour mon pays. J'ai demandé aux congressistes de se choisir un autre président, je n'y peux rien. Je suis là encore. De toutes les façons, que veut dire être président si ce n'est se sacrifier davantage, donner de son temps, essayer d'être au niveau pour ne pas perdre les acquis du passé, en essayant de mobiliser notre jeunesse pour accomplir ce que peut-être les anciens n'avaient pu accomplir. Autrement dit, nous sommes là, nous vivons, nous avons une mission sacrée d'accomplir la chose pour laquelle tant de militants ont donné leur vie. Plusieurs observateurs ont constaté que votre plébiscite ne s'est pas fait par la voie des urnes. Que répondez-vous à ce constat ? Il n'y a qu'à s'adresser au congrès, puisque c'est le congrès qui en a décidé ainsi. Cela dit, qu'est-ce que cela peut faire à ceux qui s'en prennent à Aherdan. A ceux-là, je réponds : Aherdan ne quittera pas la scène tant qu'il est en vie. Je dépense ma vie, non celle des autres. Après la fusion, quelle orientation souhaiteriez-vous donner au Mouvement populaire ? Votre prochaine action s'inscrira-t-elle dans la continuité ou dans la rupture avec le passé ? Quand il n'y a pas de passé, il n'y a pas d'avenir. Le passé, c'est la fondation, la racine de l'arbre. Et nous allons faire le maximum pour recueillir de bons fruits. Nous sommes dans le monde, il faut être coriace pour ne pas perdre l'authenticité marocaine et tout ce qu'il y a de meilleur dans ce peuple magnifique. Si nous vivons certes dans un monde qui change, il faut tout de même que le changement se fasse dans le bon sens. Que veut dire la réussite économique si nous perdons ce qu'il y a de meilleur en nous-mêmes ? Pour moi, la réussite se résume à ce qui suit : rester soi-même et gagner, c'est l'avenir. Pour ce qui est de la modernité, je pense que chaque époque a sa modernité. Lors du congrès constitutif du MP, vous avez dit : « C'est maintenant le tour des harakis », dans une allusion sans doute aux échéances électorales de 2007 ? Etes-vous sûr de remporter ces élections ? Je ne suis pas de la catégorie des fanfarons pour clamer d'avance la réussite. Le devoir exige de travailler, de faire le maximum pour gagner. Il faut mériter sa course. Pour moi, ce qui compte, c'est le travail. Nous devons agir en hommes libres, en hommes dignes, c'est l'essentiel. Maintenant, tout ce que l'on peut souhaiter, c'est que ceux qui arriveront en tête méritent vraiment la mission qui va leur incomber, c'est-à-dire conduire le pays vers un destin des plus magnifiques. La question n'est pas d'être au gouvernement pour se dire « ça y est, on est au gouvernement ». Il faut le mériter. On ne peut monter un cheval fougueux que quand on est bon cavalier. Et notre pays est un pays fort, il mérite d'être mieux dirigé. Je ne mets pas en cause l'action de Sa Majesté le Roi qui se dépense, et on le voit bien. Il faut que les ministres soient dignes de ce pays, et soient dignes de cette monarchie. Avec quel projet allez-vous vous présenter aux élections de 2007 ? Nous ferons le maximum pour être au rendez-vous. Aherdan, l'éternel «résistant» «Je continuerai d'être résistant aussi longtemps que je serai en vie ». C'est ainsi que Mahjoubi Aherdan répond à ses détracteurs, après avoir été élu, vendredi dernier, président du Mouvement populaire (MP), lequel regroupe les membres des trois ex-partis : Mouvement populaire de Mohand Laenser, l'Union Démocratique de Mohamed Fadili et le Mouvement national populaire de M. Aherdan lui-même. Ce plébiscite laisse planer l'éternelle question : pourquoi nos politiciens ne cèdent spontanément la place à la nouvelle génération ? Pour M. Aherdane, la réponse est simple : «servir son pays ne se compte pas en nombre d'années». Ancien membre de l'Armée de libération nationale, M. Aherdan assume bel et bien le statut de «l'éternel résistant». En 1957, il fonde le Mouvement populaire (MP) duquel il sera éjecté par Mohand Laenser et d'autres avant de fonder, en 1991, le Mouvement national populaire (MNP). Il est resté à la tête de ce parti jusqu'à vendredi dernier, date à laquelle ce parti fusionnera avec le MP et l'UD pour n'en faire qu'une seule entité. Mais si le plébiscite de vendredi dernier prouve que M. Aherdan fait l'unanimité autour de lui, il n'en demeure pas que le parcours de ce dernier fut entaché de nombreuses scissions. Le pôle populaire, ou haraki, qu'il a lui-même initié, a donné naissance à plusieurs partis, dont le MDS de Mahmoud Archane, ancien commissaire de police, ou l'UD de Bouazza Ikken, ancien procureur du Roi. Au-delà de son action partisane, M. Aherdan a assumé plusieurs responsabilités au sein de nombreux gouvernements : plusieurs fois ministres, il fut également gouverneur, député, etc. Et ce n'est pas tout… M. Aherdan est par ailleurs membre du Conseil consultatif pour les droits de l'Homme (CCDH). Que faut-il ajouter encore ? La combativité de M. Aherdan n'a pas pris une ride.