Des courants opposés à la direction du Mouvement populaire ont accueilli avec suspicion l'annonce faite par Mahjoubi Aherdane de sa décision de démissionner, lui reprochant l'absence de clarté. «Je vais démissionner de la présidence du Mouvement populaire». Contacté hier par ALM, Mahjoubi Aherdane a confirmé la décision de sa démission. Peu prolifique au sujet de son départ annoncé, il a laissé toutefois entendre que cette décision prendra effet après la Fête du Sacrifice. Or, l'annonce de ce départ laisse planer plus d'un point d'interrogation. Si M. Aherdane a bel et bien affirmé, publiquement, qu'il allait démissionner, c'est plutôt du bout des lèvres. Le père fondateur du MP a annoncé également son intention de créer un conseil qui sera dirigé par ses propres soins pour «contrôler», voire «intervenir», dans la gestion du parti haraki en cas de «dérapages», qui pourraient entacher son fonctionnement. C'est ce qui a poussé ses opposants à mettre en doute son intention de se retirer réellement. Réagissant à cette décision, Mohamed Mansouri, fondateur du courant «Comité élargi pour la bonne gouvernance», a critiqué ce qu'il a appelé «un double jeu» et «un manque de clarté flagrant». «Ni le statut du MP, ni la loi sur les partis n'autorisent un président démissionnaire à créer une entité comme celle que vient d'inventer M. Aherdane», a-t-il martelé. Il ajoute que «cette entité illégale sera vivement rejetée par les militants MP», d'autant plus que «M. Aherdane a annoncé son intention de la présider, allant jusqu'à s'arroger le droit de désigner ses membres». Le comble, toujours selon M. Mansouri, est que «M. Aherdane continue de se comporter avec le MP comme si c'était sa chasse gardée, faisant fi des principes démocratiques les plus élémentaires, dont notamment le respect de la volonté de la base du parti qui doit être exprimée par la voie de l'élection». Vendredi dernier, cinq courants existant au sein du pôle haraki ont adressé une lettre au ministre de l'Intérieur, pour protester contre les violations de la loi sur les partis politiques perpétrées par leur direction. Dans cette lettre, les pétitionnaires, dont MM. Socrate, Mansouri et Boulahcen, évoquent principalement les dysfonctionnements qui auraient entaché la dernière réunion du Comité central du MP, déclaré «illégitime» à défaut de réunir le quorum requis. Lors de cette réunion, qui s'est déroulée le 2 décembre 2007, de vives contestations avaient éclaté au sein des militants MP, suite à l'empêchement, voire le licenciement de cadres harakis, dont notamment MM. Mansouri et Socrate. La décision du renvoi de ces derniers avait été rendue publique fin novembre, à l'issue d'une réunion du bureau politique. Depuis, une vive tension déchire le pôle haraki mettant en danger la fusion des trois anciennes formations, à savoir le Mouvement national populaire (MNP), le Mouvement populaire (MP), et l'Union démocratique (UD). Une «crise» dont l'existence a été niée en bloc par M. Aherdane, qui a démenti que son départ annoncé était dû aux déchirements que connaît la Mouvance populaire.
Mahjoubi Aherdane, parcours d'un homme politique hors pair Homme politique, Mahjoubi Aherdane est né à Oulmès en 1921. Il a fait ses études au collège d' Azrou avant de fréquenter l'école militaire de Meknès d'où il est sorti officier en 1940. Nommé caïd à Oulmès en 1949, il a pris position contre le Pacha Glaoui en 1953 et il a été révoqué de ses fonctions par le résident général. Membre du Conseil national de la résistance, il a été nommé gouverneur de la province de Rabat en 1956. En 1959, il fonde, avec Abdelkrim El Khattib et le Caid Lahcen Lyoussi le Mouvement Populaire, dont il est le secrétaire général depuis cette date jusqu'à son éviction au milieu des années 80. Après une traversée du désert de plusieurs années, il revient sur la scène politique à la tête d'un nouveau parti, le Mouvement national populaire, MNP. Parti qu'il dirigera jusqu'à sa fusion, en 2006, avec l'Union démocratique et le MP. M.Aherdane est nommé président du nouveau MP. Ministre à plusieurs reprises (à la tête de la Défense nationale en 1961, puis de l'Agriculture en 1965...), Mahjoubi Aherdane a également occupé d'autres fonctions ministérielles depuis 1977 jusqu'à septembre 1984. Mahjoubi Aherdane est également poète et artiste passionné de peinture.