Emprisonnée pour «atteinte à la réputation de l'Etat» Toujan Fayçal a été hospitalisée samedi après une semaine de grève de la faim. L'ex-députée s'est aussi vu signifier deux nouvelles accusations. La Cour de sûreté de l'Etat a ordonné samedi le transfert à l'hôpital de l'ex-députée Toujan Fayçal, qui observe une grève de la faim depuis une semaine à la suite de son arrestation pour «atteinte à la réputation de l'Etat». Le procureur de la Cour, le colonel Mohannad Hijazi, a pris cette décision en raison de la «détérioration de l'état de santé» de Mme Fayçal âgée de 52 ans. Il a cependant profité de l'occasion pour formuler deux nouvelles accusations à son encontre. Vingt-quatre heures après son arrestation le 16 mars dernier, l'ex-députée avait en effet entamé une grève de la faim dans la prison de Joweida, près d'Amman pour protester contre le refus du procureur de lui accorder une libération sous caution. Première femme jordanienne élue députée au Parlement entre 1993 et 1997, Mme Fayçal avait alors été mise en détention pour une durée de 15 jours renouvelables, sur ordre du procureur. Accusée de «propager des informations portant atteinte à la réputation de l'Etat et à ses responsables», elle avait en fait adressé le 6 mars un courrier électronique au Roi Abdallah II. Elle y mettait en cause le Premier ministre Ali Abou Ragheb qu'elle soupçonne de «profiter financièrement» d'une décision gouvernementale d'augmenter de 100 % les tarifs d'assurance des voitures. Affaire qui avait aussi entraîné l'arrestation, lundi dernier, du propriétaire et du rédacteur en chef de l'hebdomadaire Al-Bilad, après la publication d'un article intitulé «Le scandale de l'assurance». Avant d'ordonner le transfert de Toujan Fayçal à la Cité médicale militaire Al-Hussein, le procureur lui a par ailleurs signifié une autre accusation, celle d'avoir «propagé à l'étranger des informations portant atteinte à la réputation de l'Etat». Cette derrière inculpation est passible d'une peine de six mois de prison. Selon Me Ziad Radaydeh, l'avocat de l'ex-députée, le procureur se référait à une allocution prononcée par Mme Fayçal lors de sa participation à Baghdad, il y a deux semaines, à une conférence populaire de solidarité avec l'Irak. L'ex-députée a démenti ces accusations et affirmé avoir souligné que la Jordanie n'appuierait jamais une éventuelle frappe contre l'Irak, selon son avocat. Une source proche du procureur a également indiqué que le colonel Hijazi avait ajouté aux chefs d'inculpations, celui de «propos susceptibles d'offenser le sentiment religieux». Propos que Mme Fayçal aurait selon lui adressés aux gardes de la prison où elle est détenue. Cette nouvelle accusation est passible d'une peine de trois mois de prison.