La cour jordanienne de sûreté de l'Etat a accepté dimanche la demande de la défense de l'ex-députée Toujan Fayçal de convoquer le premier ministre Ragheb comme témoin. Toujan Fayçal est actuellement jugée pour «atteinte à la réputation de l'Etat» après avoir été arrêtée le 16 mars dernier, libérée le 29 mars, puis de nouveau arrêtée deux jours plus tard. Celle qui a été la première femme député de Jordanie, entre 1993 et 1997, a par la suite décidé d'assurer elle-même sa défense après avoir réalisé une grève de la faim contre le refus de la cour de lui accorder sa remise en liberté provisoire. Depuis le 16 avril dernier, vêtue de l'uniforme bleu de la prison et encadrée par deux gardiennes, Toujan Fayçal plaide sa cause avec véhémence. Elle continue d'affirmer qu'elle n'a jamais critiqué l'Etat mais le premier ministre lorsqu'elle a signifié au roi Abdallah II qu'Ali Abou Ragheb « profitait » du doublement des tarifs des assurances, étant lui-même un actionnaire d'une compagnie du secteur. Tout au long de la semaine dernière, l'accusée a même réclamé la convocation de M. Ragheb comme témoin, de même que deux anciens premier ministres, Abdel Raouf Rawabdeh et Abdel Karim Kabariti, et 16 autres personnes, dont des ex-ministres. Ce qui lui a été finalement accordé ce dimanche. L'arrestation et le procès de Mme Fayçal sont la conséquence d'une lettre adressée le 6 mars dernier au Roi jordanien, et d'une interview accordée peu après à Al-Jazeera, dans lesquelles elle accusait M. Abou Ragheb d'avoir profité d'une mesure gouvernementale. Dimanche, quatre témoins de la défense ont comparu, dont Hani Dahlé, président de l'organisation arabe des droits de l'homme en Jordanie. Celui-ci a précisé que la lettre au Roi et l'interview «ne contenaient pas de propos diffamatoires mais des critiques contre des décisions du gouvernement», et que «la Constitution accorde aux Jordaniens le droit de s'adresser au roi en ce qui concerne des affaires d'ordre public». La Cour a décidé de reprendre ces mardi et mercredi le procès de l'ex-députée qui risque des peines de trois à six mois de prison.