Cette feuille de route, qui attend d'être examinée par les membres du gouvernement avant d'être officiellement rendue publique, trace les grandes lignes de la réforme que devrait connaître le système éducatif pendant les quinze prochaines années. En attendant qu'elle soit entièrement dévoilée, voici les axes principaux de cette stratégie, et les réponses à certaines des questions les plus controversées pour l'éducation marocaine. Enseignement des langues et langue de l'enseignement : Le verdict Arabe, amazigh, français et anglais, toutes ces langues auront leur place dans le système imaginé par Azziman. Lorsque cette réforme sera mise en place, le bachelier marocain devrait maîtriser ces quatre langues et aura étudié des modules dans chacune d'entre elles. La stratégie adopte un plurilinguisme basé sur «l'apprentissage par tous les apprenants, sur le même pied d'égalité, de trois langues dans l'enseignement préscolaire et primaire, avec la langue arabe comme langue principale, la langue amazighe comme langue de communication, et la langue française comme langue d'ouverture», a déclaré Azziman mercredi, ajoutant que la langue anglaise sera introduite à partir de la première année du cycle collégial et qu'une troisième langue étrangère (allemand, italien ou espagnol) sera enseignée, au choix, à partir de la première année du secondaire. Si ceci tranche au sujet de l'enseignement des langues, il introduit également la réponse à la question de la langue de l'enseignement. Omar Azziman parle, ainsi, de «la mise en place progressive de l'alternance linguistique en tant que mécanisme de renforcement de la maîtrise des langues par leur utilisation dans l'enseignement de quelques contenus et modules dans quelques matières, en français à partir du secondaire collégial, et en anglais à partir du secondaire qualifiant». Le sujet semble clos, à un détail près : de quel arabe parle Omar Azziman ? L'enseignement continuera-t-il à se faire en arabe classique, ou assisterons-nous à un virage vers la darija ? Si la première hypothèse paraît plus probable, seuls la divulgation de la stratégie en entier dans les jours à venir apportera une réponse définitive. Vers un enseignement plus équitable La question des langues a peut-être été celle faisant le plus objet de polémiques, mais elle n'est pas la seule à laquelle le CSEFRS devait répondre. Le Conseil a, ainsi, énuméré les facteurs susceptibles de forger une école d'équité et d'égalité des chances. Il a appellé, entre autres, à une généralisation du préscolaire, une exigence qui a souvent fait surface lors des interventions d'Omar Azziman. Les maternelles, petites et moyennes sections, deviendront une obligation pour l'Etat et pour les familles. Dans la pratique, l'enseignement ne sera plus obligatoire uniquement à partir du primaire, mais bien depuis le préscolaire. Dans ce même sillage, les catégories les plus vulnérables en matière d'éducation bénéficieront d'une «discrimination positive». Il s'agira essentiellement des habitants du milieu rural et périurbain, mais également les personnes handicapées ou «dans des situations spécifiques». Le secteur privé sera-t-il impliqué dans cette réforme? Oui, tranche la stratégie du Conseil. Sa contribution se verra même «renforcée en sa qualité de partenaire du secteur public dans l'effort de généralisation équitable de l'enseignement», comme l'a affirmé Omar Azziman. Meilleure gouvernance, refonte de la formation des enseignants, encouragement de la recherche scientifique ou encore valorisation de la formation professionnelle font également partie de cette feuille de route, pleine d'espoir pour l'enseignement.