Les accidents de la route font au Maroc, chaque année, près de 4000 morts et des milliers de blessés. Une véritable guerre civile qui se traduit par des drames humains et un énorme gâchis économique et social. Il est temps d'agir énergiquement pour éradiquer ce fléau. Il y a un peu plus d'un an, un accident horrible a eu lieu dans la région d'Asni. Suite à une défaillance mécanique, un autocar est tombé dans un ravin faisant 31 morts et 34 blessés. Quelques jours plus tard un autre accident d'autocar s'est produit à une vingtaine de kilomètres au sud d'Azrou faisant six morts et 19 blessés. L'autocar en question, en provenance de Marrakech (décidément !), à destination de Fès, s'est renversé près du village sidi Addi. Il y a deux jours, la région était encore au rendez-vous avec la mort. Dix sept personnes ont été tuées et vingt trois autres blessées, dont huit grièvement, dans un grave accident de la circulation survenu tôt dimanche à 25 km à l'entrée de Marrakech. Plus exactement, sur la RN 8, à sidi Bouathmane (province de Kelaât Sraghna). Dans cette région, la route est rectiligne, sans virages ni détours dangereux. La vue est claire. Il n'y avait ni brouillard ni pluie. Vers 3h 05mn, un autocar (appartenant à une société de transport dont le nom importe peu étant donné qu'elles sont toutes dans la même enseigne) tente de dépasser une charrette qui se trouvait sur la route. A sept kilomètres au sud de Sidi Bouâtmane. Le chauffeur de l'autocar accélère tente de la dépasser. De l'autre côté de la route, un camion semi-remorque transportant le fourrage se dirigeait vers Marrakech en provenance de Casablanca. C'est le choc de plein fouet. Le comble, c'est que la charrette qui cause le drame a disparu dans la nature. Les éléments de la gendarmerie royale tenteront dans un temps ultérieur de retrouver le conducteur de la charrette suite à des signalements donnés par des témoins. En apprenant la douloureuse nouvelle, SM le Roi Mohammed VI a adressé aux familles des victimes des messages dans lesquels sa majesté leur a exprimé ses vives condoléances et sa sincère compassion, implorant le très haut d'avoir les défunts en sa sainte miséricorde et élevant des prières pour un prompt rétablissement des blessés. SM le Roi a donné ses hautes instructions aux autorités compétentes en vue d'intervenir d'urgence dans les secours, d'accorder toute l'aide nécessaire aux familles des victimes et de les entourer de toute la sollicitude, veillant ainsi à atténuer les effets du sinistre. Toujours sur hautes instructions de SM le Roi Mohammed VI, une délégation ministérielle a effectué, dimanche en début d'après-midi, une visite à l'hôpital ibn Tofail de Marrakech pour s'enquérir de l'état de santé des personnes blessées dans l'accident. Notre pays s'octroie ainsi le mérite de figurer en tête de la liste des pays aux plus grand nombre de victimes des accidents de la circulation. Depuis 1990, les accidents de la route ont progressé selon un rythme annuel moyen de 3,9 % selon la Direction des routes et de la circulation routière (statistiques 1990-1999). Le comble de l'ironie est que les causes sont déterminées depuis belle lurette, et à chaque fois l'on y revient avec la ferme intention de trouver une solution pour se retrouver en fin de compte à la case départ. Les campagnes de sensibilisation ne suffiront jamais à elles seules à réduire sérieusement les accidents de circulation. Elles servent plutôt à justifier des contrôles plus nombreux des conducteurs et des véhicules à travers le royaume par tous les temps et à tout moment de la journée ou de la nuit. Si l'on ne parvient pas à modifier la mentalité de la majorité des conducteurs, persuadés d'être irréprochables, les Marocains risquent de s'habituer à écouter tout simplement les messages des préventions routières sans en saisir la signification. Nous réunissons tous les ingrédients pour collectionner les accidents graves de la circulation. Des chauffeurs d'autocars, de taxis, de camions en grande majorité analphabètes. Un parc automobile manifestement en piteux état et en fin beaucoup de laxisme dans le contrôle et la repression des infractions au code de la route accompagnées de plusieurs sortes d'impunités à plusieurs niveaux. Si seulement il s'agissait de sécheresse, là au moins une prière de circonstance serait de mise.