Madagascar. Malgré la proclamation de la loi martiale vendredi, les Malgaches continuent de défier les autorités et de soutenir le président auto-proclamé Marc Ravalomanana qui a constitué samedi son propre gouvernement. La loi martiale, décrétée par le président sortant Didier Ratsiraka vendredi, n'était toujours pas appliquée dimanche dans la capitale de Madagascar, Antananarivo. Les nombreux barrages sauvages, dressés partout dans le centre-ville depuis plus de deux semaines par les partisans de l'opposant Ravalomanana, «président auto-proclamé» et maire de la capitale, étaient toujours en place, gardant l'accès aux lieux stratégiques comme l'Hôtel de ville, la Banque centrale ou le Trésor. Dans la nuit de samedi à dimanche, des centaines de personnes ont également arpenté les rues où se sont installées - comme elles le font depuis la montée de la protestation en janvier dernier - sur les principales places. «Ce n'est pas en 24 heures que nous pourrons trouver la solution à une situation qui dure depuis plus d'un mois, et ce n'est certainement pas en imposant à la lettre cette loi martiale ou un quelconque diktat que nous y parviendrons», déclarait pour sa part samedi soir le général Léon-Claude Raveloarison, gouverneur militaire d'Antananarivo, à qui le président sortant Ratsiraka a confié tous ses pouvoirs depuis vendredi. « Ma mission est aussi de tenter de renouer le contact entre MM. Ratsiraka et Ravalomanana, j'appelle la population à y participer et à m'aider », a-t-il ajouté. Si la loi martiale prévoit la «dispersion d'office de toute manifestation, attroupement ou rassemblement sur la voie publique» et un couvre-feu entre 21h00 et 5h00, plusieurs dizaines de milliers d'habitants de la capitale continuent de descendre chaque jour dans les rues pour défier le décret et venir acclamer leur leader. Aux yeux de la plupart des habitants d'Antananarivo, ville-bastion de l'opposition, Ravalomanana est en effet désormais l'unique dépositaire du pouvoir et pour eux, l'ère Ratsiraka semble à présent révolue. Après deux mois de manifestations quotidiennes organisées pour dénoncer le trucage présumé de l'élection présidentielle, le 16 décembre, Marc Ravalomanana s'est d'ailleurs lui-même proclamé «président» le 22 février dernier. Samedi, devant ses dizaines de milliers de partisans, il a également présenté son «gouvernement» qui se compose de 17 membres avec à leur tête, le Premier ministre Jacques Sylla. «Notre gouvernement est ouvert au dialogue national et international, mais à un dialogue positif», a alors déclaré le nouveau chef du gouvernement. Marc Ravalomanana déclare avoir remporté l'élection présidentielle «avec 52,15% des voix contre 35,67%» pour son adversaire M. Ratsiraka, dès le premier tour du 16 décembre dernier. Les résultats officiels proclamés en janvier donnaient 46,21% des voix à M. Ravalomanana contre 40,89 % au président sortant, et annonçaient donc la tenue d'un second tour que le candidat de l'opposition refuse depuis.