Le refus de l'ex-président malgache de reconnaître la victoire électorale de Marc Ravalomanana avait surpris tout le monde. Les révélations sur un accord tacite entre les deux hommes pourrait tout expliquer. Lundi, la communauté internationale est restée perplexe. Alors que la cérémonie d'investiture du nouveau président élu de Madagascar était prévue pour vendredi, les observateurs de la crise tardaient encore à reconnaître la légalité des résultats dévoilés lundi par la Haute Cour Constitutionnelle. Le scénario établi le 18 avril dernier à Dakar, lors des négociations entre les deux présidents malgaches d'alors, était pourtant simple. La HCC de l'île était chargée du recompte des suffrages exprimés lors du premier tour de l'élection présidentielle du 16 mars. Les deux rivaux devaient en accepter le nouveau verdict, en cas de non victoire de l'un d'eux, un référendum devait être organisé. Didier Ratsiraka aurait donc du se plier à l'avis de la cour. Mais ce même 18 avril à Dakar, MM. Ravalomanana et Ratsiraka avaient en fait passé un autre pacte, verbal celui-là. Derrière la signature de l'accord écrit, les deux hommes avaient en effet déjà décidé que la nouvelle HCC ne prononcerait pas de vainqueur. Ce qui devait ouvrir la voie à une transition et préparer un référendum qui les départagerait. Lundi, le dénouement a pourtant été tout autre : Ravalomanana a été proclamé président. « L'amiral Ratsiraka, comme la communauté internationale, s'est fait piéger » a estimé mardi un observateur étranger. « Comment M. Ratsiraka et la communauté internationale peuvent-ils maintenant invoquer des clauses non écrites pour contester des clauses écrites de l'accord ? », s'est interrogé un autre expert proche des négociations. « On est coincé », a renchéri un diplomate. Le camp du président sortant continue de rejeter ce nouveau résultat et les provinces menacent de se scinder en petits états indépendants. La capitale Antananarivo, fief du nouveau chef d'Etat, est quant à elle toujours soumise à un blocus.