Malgré la persistance des combats sur l'île, le président Ravalomanana a fait dimanche un geste vers la sortie d'une crise qui l'oppose à l'ex-dirigeant Ratsiraka. Une avancée de bon augure avant la médiation de l'OUA. Dimanche, un espoir de sortie de crise est enfin apparu sur l'île malgache en état de quasi-guerre civile depuis plusieurs mois. Contestataire des premiers résultats sortis des urnes le 16 décembre, Marc Ravalomanana avait finalement été donné vainqueur fin avril après un recompte des voix. Au pouvoir depuis plus de vingt ans, Didier Ratsiraka était alors passé de l'état de président réélu à celui de président sortant. Un revirement de situation qui a relancé le conflit entre les deux hommes, et amené l'île vers la paralysie politique et économique. Après l'échec d'une première médiation africaine, Dakar I (18 avril), et une seconde rencontre dans la capitale sénégalaise, les chances de résolution de la crise semblaient plus que minimes. Pourtant, dimanche, Marc Ravalomanana a finalement fait un geste en faveur de la paix en acceptant l'idée d'un «gouvernement de réconciliation» et celle de l'amnistie accordée à Didier Ratsiraka et sa famille. Le chef d'Etat a donc dissous son gouvernement, tout en reconduisant son premier ministre Jacques Sylla, et annoncé qu'il acceptait «les points essentiels» du plan de sortie de crise établi lors de Dakar II le 9 juin. Ces points concernent la création d'un «nouveau gouvernement de réconciliation nationale sans exclusive», mais aussi l'organisation d'élections législatives anticipées, et l'étude d'une « formule d'amnistie pour l'ancien président et pour sa famille ». Le dernier gouvernement Sylla, composé de 31 ministres et secrétaires d'Etat, avait été formé le 14 mai. Il ne comprenait qu'une personnalité très proche de Didier Ratsiraka, son ancien ministre des forces armées, le général Marcel Ranjeva. Un élément qui devrait changer à condition que l'ex-dirigeant l'accepte. Didier Ratsiraka en France depuis jeudi, a beau affirmer ne pas avoir fui Madagascar et vouloir revenir au pays, mais Il est plutôt mal en point. Depuis la prise de pouvoir à Antananarivo de Marc Ravalomanana, il avait transféré son gouvernement sortant à Toamasina, sur la côte est, son fief. Il avait également mis en place un blocus économique de la capitale, partiellement enlevé depuis par son rival. Ces derniers jours, le camp Ravalomanana a même pris le contrôle de deux importants ports malgaches, Mahajanga et Toliara, et conquis Vohemar, une ville de la côte nord. Les combats, qui se sont aussi déroulés à Ambanja, au nord-ouest de la capitale, semblent tourner à l'avantage du président élu. Fort sur le plan militaire et montrant une certaine ouverture diplomatique, Marc Ravalomanana se retrouve donc en bonne position avant la tenue, vendredi à Addis-Abeba, du sommet de l'OUA consacré à la crise malgache. Les dirigeants des 16 pays membres de l'organe central de l'Organisation de l'unité africaine (OUA), en charge de la prévention et de la résolution des conflits, doivent en effet se retrouver dans la capitale éthiopienne. Il n'a cependant pas été précisé si le président élu, Marc Ravalomanana, et son rival Didier Ratsiraka, avaient été invités à ces discussions sur l'avenir de leur île. Reste que cette intervention africaine est l'un des seuls moyens pour Madagascar de parvenir au bout du tunnel.