Notre pays s'adjuge peu honorable place au monde, selon des sources de renommée, spécialisées en sondage sectoriel. En fait, cette classification concerne les Nations qui ont performé en grands travaux, en matière d'infrastructures de haute facture. Il est bien vrai que la nôtre a bien explosé, durant ces deux dernières décennies, par l'édification des projets structurants d'envergure, en termes de réseaux routier et autoroutier, de ports, d'aéroports, d'énergies renouvelables, de ponts... Sur ce plan, il n'y a rien à dire, le Maroc s'est érigé en leader de premier ordre et se procure un rang appréciable, parmi les plus huppés dans ce sens. Cependant, d'après la même source, il est classé en piètre posture en développement humain. Il n'y a que peu de pays du globe qui ferment la marche derrière. Cela veut dire, en toute clarté et sans verser dans les analyses scientifiques pour le prouver, que notre pays a bel et bien caracolé dans l'édifice du béton et claqué dans celui de l'Homme. Une dichotomie qu'on ne cesse d'ignorer, mais ne cesse, non plus, de tirer le pays vers le bas, en dépit de l'effort colossal qu'il déploie à grande échelle, à cet égard. Certes, la politique des grands chantiers permet de fortifier les piédestaux de l'essor économique pour vivifier la production et créer plus d'emploi. Une approche abandonnée, au lendemain de l'indépendance, malgré les appels insistants de certaines forces vives de la nation. Or, il s'est avéré, au fil du temps, que cette prouesse infrastructurelle s'est hélas, faite au détriment de l'élément humain qui, en principe, devra tirer profit de ses retombées. Bien au contraire, elle n'a profité qu'aux barons de la fortune souvent illicite et aux chasseurs de la rente. En plus de cet échec cuisant au niveau de l'équilibre à pourvoir dans la dualité grands travaux et développement humain, notre pays a aussi échoué dans deux paramètres fondamentaux pour prétendre assurer cet équilibre égaré. Tout d'abord, on évoquera la faillite politique qu'il n'arrête pas d'essuyer, depuis qu'on met la main dans les affaires internes du paysage, défigure son autonomie et, partant, asphyxie le processus démocratique. Cette situation hybride a, ipso facto, généré la non confiance des citoyens, la désaffection par rapport aux élections et l'avortement de la chaîne institutionnelle. Ensuite, on soulèvera, non sans émoi, la problématique de l'affaissement des valeurs dans la société, à cause de la faillite de notre système éducatif, la dérive de l'administration et de la justice, l'incapacité de l'offre sanitaire de combler les besoins en soins, la panne de la petite et moyenne entreprise... Faute de ces déroutes qui empirent de plus en plus, les conduites de la triche, de l'incivisme, du négativisme, du nihilisme, du désespoir, infestent les rapports entre individus et handicapent l'émancipation des générations futures. Après avoir mis le paquet sur les grands travaux qui forcent aujourd'hui la reconnaissance des organismes étrangers, notre pays a tout intérêt à s'attaquer résolument à ses lacunes sociales et redonner à ses valeurs d'antan l'éclat, en annihilant les disparités et assurant la répartition équitable de ses richesses.