Notre pays s'est adjugé la 45e place au monde, selon une source de renommée, spécialisée en sondage sectoriel. En fait, cette consécration concerne les Nations qui ont performé en matière des grands travaux, en matière d'infrastructures de haute facture. Il est bien vrai que la nôtre a bien explosé, durant ces deux dernières décennies, par l'édification des projets structurants d'envergure, en termes de réseaux routier et autoroutier, de ports, d'aéroports, d'énergie renouvelables, de pont… Sur ce plan, il n'y a rien à dire, le Maroc s'est érigé en leader de premier ordre et se procure un rang honorable, parmi les plus huppés dans ce sens. Cependant, d'après la même source, il le classe 163ème en développement humain. Il n'y a que quatre ou cinq pays du globe qui ferment la marche derrière. Cela veut dire en toute candeur et sans verser dans les analyses scientifiques pour le prouver, que notre pays a bel et bien caracolé dans l'édifice du béton et claqué dans celui de l'homme. Une dichotomie qu'on ne cesse pas de dissimuler, mais ne cesse, non plus, de tirer le pays vers le bas, en dépit de l'effort colossal qu'il déploie à grande échelle. Certes, la politique des grands chantiers permet de fortifier les piédestaux de l'essor économique pour vivifier la production et créer plus d'emploi. Une approche abandonnée à son sort, au lendemain de l'indépendance, malgré les appels insistants des forces vives. Or, il s'est avéré, au fil du temps, que cette prouesse infrastructurelle s'est, malheureusement, faite au détriment de l'élément humain qui, en principe, devra tirer profit de ses retombées. Bien au contraire, elle n'a profité qu'aux barons de la fortune souvent illicite et aux chasseurs de la rente. En plus de cet échec cuisant au niveau de l'équilibre à pourvoir dans la dualité grands travaux et développement humain, notre pays a aussi échoué dans deux paramètres fondamentaux pour prétendre assure cet équilibre égaré. Tout d'abord, on évoquera la faillite politique qu'il n'arrête pas d'essuyer, depuis qu'on met la main dans les affaires internes des partis, défigure leur autonomie et, partant, asphyxie la vie partisane. Cette situation hybride a, ipso facto, généré la non confiance des citoyens, la désaffection par rapport aux élections et l'avortement du processus démocratique. Ensuite, on soulèvera, non sans émoi, la problématique de l'affaissement des valeurs dans la société, à cause de la faillite de notre système éducatif, la dérive de l'administration et de la justice, l'incapacité de l'offre sanitaire de combler les besoins en soins, l'impasse de la petite et moyenne entreprise… Faute de ces déroutes qui empirent de plus en plus, les conduites de la triche, de l'incivisme, du négativisme, du nihilisme, du désespoir, infestent les rapports entre individus et handicapent l'émancipation des générations futures. Après avoir mis le paquet sur les grands travaux qui forcent aujourd'hui la reconnaissance des organismes étrangers, notre pays a tout intérêt à s'attaquer résolument à ses lacunes sociales et redonner à ses valeurs d'antan l'éclat, en annihilant les disparités et assurant la répartition équitable de ses richesses.