Sauf les renégats et les récalcitrants, on conviendra sans ambages que notre pays déploie des efforts titanesques dans le sens de la démocratisation et la modernisation. Cette envolée saillante à l'œil nu n'est guère présomptueuse, puisque les chantiers d'aujourd'hui, à plus d'un titre, ne cessent de sillonner les diverses régions et localités du royaume, tant au niveau de la structuration de ses institutions que du développement de ses infrastructures et de la qualification de ses ressources humaines. Certes, on ne peut que se réjouir de ces avancées à grands pas qui s'opèrent sensiblement et qui font notre fierté commune, car elles sont, pour sûr, le maillage synergique de toutes les constituantes de la Nation, historiquement cimentées autour du piédestal de la stabilité et de la fidélité. La dernière en date n'est autre que l'autoroute Agadir/Marrakech que vient d'inaugurer le Prince Héritier Moulay Rachid, en compagnie d'un imposant et illustre cortège. Un fabuleux joyau infrastructurel qui a absorbé, en l'espace d'un peu plus de quatre ans, la bagatelle somme de 8 milliards de dirhams. Outre son aspect strictement utilitaire en terme de répercussions socio-économique et sécuritaire, il s'avère pareillement légitime de se targuer de cette volupté panoramique que procure ce bijou autoroutier où pétillent et flamboient ponts et tunnels jouxtant vals et promontoires à perte de vue. Et pourtant, il y a quelques années, on se lamentait de l'atrocité de ce manque qui sévissait et balançait dans les supplices des bas-côtés et des ravins des multitudes de vies humaines. Ce temps-là, on persistait à ignorer l'acuité de l'autoroute dans ces patelins, certes accidentés, mais combien prioritaire, bien avant ses semblables dans d'autres régions. Mais, c'était sans compter sur l'acharnement de nombre de parlementaires du Souss qui, au regard de cette injustice flagrante, se constituèrent, à l'époque, en bloc massif et s'en allèrent plaider leur juste cause auprès du souverain, munis d'un dossier soigneusement ficelé et persuasif. Ce fait fut, car la délivrance royale ne se fit nullement attendre, bien avant que l'idée n'eût été germée. Toutes ces jérémiades qui meublaient les espaces soussis relèvent désormais d'un passé lugubre. Le grand souhait qui habitait toute une communauté frustrée et timorée, des années durant, fut enfin exaucé, de la manière la plus éclatante. Il n'y a pas plus qu'hier, jeudi, à Taroudant, lors de la session ordinaire de la Chambre de Commerce, d'Industrie et de Services, le directeur des autoroutes du Maroc allait dévoiler les retombées positives de cette performance devant les membres et invités de cette instance professionnelles. Cependant, d'aucuns s'indigneraient, en revanche, du fait que notre pays, en dépit du rayonnement de toutes ces prouesses, se débat encore au bas de la marche, parmi les plus démunis en terme de déficiences socio-économiques. En fait, il n'y a pas de secret à ces controverses si l'on sait que le Maroc est constamment tiré vers l'abîme de ses propres manies dont il n'a pas pu, jusqu' à présent, se séparer, malgré les tentatives velléitaires d'éradication de ses maux préjudiciables. Le laxisme et l'incivisme monstrueusement propagés dans notre Administration s'avèrent des freins irrésistibles à la promotion et l'ancrage des principes de l'équité et de la confiance. On a beau s'interposer, la corruption bat le plein, le clientélisme défraie la chronique et la nonchalance est affreusement agaçante. Et pour faire semblant de riposter à ces défaillances handicapantes, on réagit, de temps à autre, contre les contrevenants, mais, en se gardant toujours d'aller jusqu'au bout de la gangrène. Les « petits » corrupteurs paient à la place des intouchables qui sont toujours à l'abri de leurs méfaits dévastateurs. Bien entendu, il n'est pas question de généraliser ni de mettre tous les administrateurs dans le même panier. Nombre de responsables ou de simples commis font montre d'un haut degré de citoyenneté et d'attachement aux idéaux suprêmes de loyauté et de dévouement. Les exceptions dans ce sens ne manquent guère dans tel ou tel département étatique.