La conférence de presse tenue récemment dans un hôtel de la ville par l'Académie Régionale de l'Education et de la Formation Souss-Massa-Drâa (AREF-SMD) et consacré à la rentrée scolaire 2006-2007 s'est transformée, au fil du temps, en un véritable forum sur la question éducative sous ses diverses formes. Une cinquantaine de représentants des médias nationaux et régionaux venue s'associer à cette rencontre communicationnelle lui donnait un impact de débat, de dialogue et de réflexion d'une notoriété impressionnante. Il y a vraiment de quoi se réjouir si l'on sait que l'Académie, dans un souci d'innovation, sortait de l'ordinaire redondant et s'érigeait en entité novatrice, de par la façon modernique dont elle présentait ses menus messagers. De prime abord,, le directeur de l'Académie, M'barek Hanoune, dans son speech préambulaire, annonçait la couleur en tenant un discours clair et profond. Le secteur de l'enseignement, dit-il, demeure la préoccupation moyenne de tous les intervenants de la vie sociétale, vu sa dimension interactive et son rôle de locomotive du développement durable. De ce fait, les déficits qu'on peut enregistrer dans ce département collectif interpellent et sollicitent l'implication de tout son entourage, sans, pour autant ménager la responsabilité directe de ses acteurs intrinsèques. Il est également loisible, poursuit-il, de valoriser les promesses et les acquis accumulés dans ce sens pour en reconnaître et motiver les auteurs, tout en soulevant, dans l'objectivité et la responsabilité le manque à gagner qui persiste encore, en termes de qualité et de perfectionnement. A ce propos, l'académie s'attelle à redorer le blason du secteur en mettant en ¦uvre des démarches de renouveau et de symbiose entre les différents constituants de la Région en vue, d'abord, de consolider les performances et de conquérir d'autres réalisations dans une superficie régionale immense et accidentée. Les changements que prône l'Académie au niveau des mentalités et les concepts sont, en effet, de longue haleine et nécessitent d'âpres confrontations car le changement à cette spécificité de déranger les poches de résistance et les adeptes du conformisme. La rentrée scolaire, affirme le responsable académique, manifestement accompagnatrice de la rentrée sociale, est un laboratoire de nos essais et toute évaluation est relative du fait de l'écoulement permanent des flux éducatifs. Globalement, la rentrée scolaire dans toutes ses premières manches était marquée par une certaine fluidité dont font preuve les composantes de la Région à savoir les délégations et les établissements scolaires, en dépit des contraintes, pour la plupart d'ordres infrastructurel et humain, qui accusent des retards et des insuffisances. Pour juguler ces difficultés, l'Académie, conclut le directeur, a procédé depuis 2004 à des attributions des crédits pour les délégations afin que celles-ci jouissent d'une certaine personnalité et d'une intervention de proximité en matière de gestion et de management. Pour concrétiser dans les faits toutes ces approches innovantes, plusieurs exposés se sont succédés devant l'assistance médiatique dont l'un consistait à relater le site web mis en place à cet effet. C'est alors que le débat se déclenchait, non pas à caractère habituel question/réponse, mais systématiquement tourné vers un véritable réquisitoire de la politique de l'enseignement dans notre pays depuis les années de déchéance à nos jours, en passant par la mise en fonction de la Charte Nationale de l'Education et de la Formation. Un procès qui dévoile les déficits d'une stratégie tergiversante depuis des décennies. Ces défaillances continuent, malheureusement, à sévir car comment expliquer que, à titre d'exemple, le ministère s'entête à réunir les conseils d'administration des Académie régionales en fin avril, portant ainsi un lourd préjudice à l'échéancier procédural au niveau de la conclusion des marchés et le fonctionnement des ligues budgétaires ? Cette année encore, il récidive puisque à l'entame de l'ultime mois de 2006, aucun signe au niveau central ne vient mettre un terme à cette désuétude déconcertante, même si à l'Académie, les commissions de préparation ont déjà amorcé le processus du C.A prochain. D'autre part, on ne cessera jamais de déplorer les aspects artificiels d'une qualité éducative toujours velléitaire. On continue à gonfler les effectifs pour jubiler d'atteindre les plus hauts degrés de généralisation de la scolarité, pour tomber quelques années plus tard dans les terribles gouffres de la déperdition scolaire. Pour la majeure partie des enfants scolarisés, particulièrement dans les milieux ruraux où la précarité et la vétuste battent leur plein, la qualité de l'enseignement est un chimère. Certes, il vaut mieux mettre les enfants dans les classes ou plutôt des masures que de les garder loin de la scolarisation. Mais, quelles générations de demain produisent notre système éducatif ? Pour quelle cause développementale fournit-on aujourd'hui de tels efforts sans rendement palpable ? Que peut-on tirer d'un tel gâchis, alors que tous les indicateurs de la qualité de l'enseignement sont en deçà des aspirations d'un Maroc tourné vers la modernité et le progrès et brandissant, de ce fait, l'emblème de l'éducation comme étant la cause nationale prioritaire après celle de l'intégrité territoriale ? Tant de questionnements qui refont surface et qui incitent tout un chacun de réagir pour une véritable école marocaine pionnière. Hommage donc à l'AREF-SMD qui suscite de tels débats citoyens et qui ne se contente guère de son bilan positif. La langue de bois et le discours jubilatoire à outrance n'ont jamais fait avancer les choses.