L'année 2022 s'installe et s'égrène comme un chapelet! De quelle levure sera-t-elle montée, au fil des jours ? Il y a quelques temps, notre pays s'était adjugé la 45ème place au monde, selon une source de renommée, spécialisée en sondage sectoriel. En fait, cette position concerne les Nations qui ont performé en termes de grands travaux et d'infrastructures de haute facture. Il est bien vrai que la nôtre a bien explosé tout au long de ces deux dernières décennies, par l'édification de grands projets structurants au niveau des réseaux routiers et autoroutiers, de ports, d'aéroports, d'énergie renouvelables, de ponts...Sur ce plan, il n'y a rien à dire, le Maroc s'est érigé en leader de premier ordre et, partant se procure un rang honorable, parmi les pays les plus huppés dans ce sens. Cependant, d'après la même source, il est comptabilisé à la 163ème au tableau du développement humain. Il n'y a que quatre ou cinq pays du globe qui ferment la marche derrière. Cela veut dire, en toute clarté et sans verser dans les analyses scientifiques pour le prouver, que notre pays a bel et bien caracolé dans l'édifice du Béton et craqué dans celui de l'Homme. Une dichotomie qu'on ne cesse d'ignorer, mais ne cesse, non plus, de tirer le pays vers le bas, en dépit de l'effort colossal qu'il déploie à grande échelle. Certes, la politique des grands chantiers permet de fortifier les piédestaux de l'essor économique pour vivifier la production et créer plus d'emploi. Une approche abandonnée, au lendemain de l'indépendance, malgré les appels insistants des forces vives. Or, il s'est avéré, au fil du temps, que cette prouesse infrastructurelle s'est, malheureusement, faite au détriment de l'élément humain qui, en principe, devra tirer profit de ses retombées. Bien au contraire, elle n'a profité qu'aux barons de la fortune souvent illicite et aux chasseurs de la rente. En plus de cet échec cuisant au niveau de l'équilibre à pourvoir dans ce dilemme agaçant, notre pays a aussi échoué dans deux paramètres fondamentaux pour prétendre assurer cet équilibre égaré. Tout d'abord, on évoquera la faillite politique qu'il n'arrête pas d'essuyer, depuis qu'on met la main dans les affaires internes des partis, défigure leur autonomie et, partant, asphyxie la vie partisane. Cette situation hybride a, ipso facto, généré la non confiance des citoyens, la désaffection par rapport aux élections et le dérèglement du processus démocratique dans le pays. Ensuite, on soulèvera, non sans émoi, la problématique de l'affaissement des valeurs dans la société, à cause de la faillite du système éducatif, l'insanité de la marche administrative et judiciaire, l'incapacité de l'offre sanitaire à combler les besoins en soins, la panne de la petite et moyenne entreprise...Faute de ces déroutes qui empirent de plus en plus, les conduites de la triche, de l'incivisme, du négativisme, du nihilisme, du désespoir, infestent les rapports entre individus et handicapent l'émancipation des générations futures. Après avoir mis le paquet sur les grands travaux qui forcent aujourd'hui la reconnaissance et l'admiration des organismes étrangers, notre pays a tout intérêt à s'attaquer résolument à ses lacunes sociales et redonner à ses valeurs d'antan l'éclat, en annihilant les disparités et assurant la répartition équitable de ses richesses.