Commémoration du soixante-dixième anniversaire du PPS La célébration du soixante-dixième anniversaire du PPS connaît son moment fort avec l'hommage rendu à Ali Yata. Le choix n'est pas fortuit. Il est en soi un indicateur politique, là où le politique relève de l'éthique. Un devoir de mémoire certes, nourri ici des valeurs d'espoir et de continuité dans l'engagement, valeurs et principes que Feu Ali Yata a porté très haut durant sa vie de militant. La commémoration n'est pas vécue aujourd'hui comme un simple rituel de légitimation d'une pratique ou de quelques opportunités conjoncturelles. Cet arrêt sur image autour d'une figure emblématique de la politique moderne du pays que fut Si Ali est l'occasion pour les militants du PPS de réaffirmer une ambition, l'ambition de suivre son modèle d'engagement. Revenir à lui, partir de lui, dans une dialectique créatrice pour assurer un avenir à son projet. Le nôtre. Celui d'une société libre où le citoyen est l'alpha et l'oméga de toute transformation sociale. Un projet pour lequel Ali Yata a consacré sa vie, dans lequel il s'est investi avec générosité, abnégation et persévérance. Il est dans ce sens un leader au sens historique du mot. Ayant adhéré très jeune aux idéaux d'émancipation et de justice sociale, il trouva dans le mouvement communiste l'incarnation de cet idéal. Il a ainsi choisi définitivement son camp, celui des masses laborieuses et leur centre névralgique, la classe ouvrière. Il mena alors un combat permanent, une lutte acharnée sur deux fronts. Assurer un ancrage authentique à des choix marqués par l'universalité de l'humanisme et élargir le champ d'expression politique dans un environnement très dur, souvent hostile. Que ce soit sous le protectorat ou durant de longues périodes à l'ère de l'indépendance retrouvée, Ali Yata et son parti étaient dans le collimateur des adversaires du progrès social et de l'émancipation politique. Arrêté, condamné à l'exil, son parti et ses journaux interdits, certains de ses camarades abattus... Ali Yata connut de durs moments de persécution et de répression. Mais il ne perdit jamais de cap et surtout ne se trompa jamais d'analyse, tâchant, avec ses camarades du PCM, du PLS ou du PPS plus tard, de capter ce qui fait l'essence d'une étape, sa contradiction principale, privilégiant les intérêts suprêmes de la Patrie et du peuple. Il eut la lucidité et le courage politique de ne pas céder aux sirènes, de ne pas partir derrière le miroitement des mirages... Il forgea ainsi l'estime de ceux qui l'ont côtoyé de près, mais aussi de ses adversaires politiques. Ses analyses, développées souvent sous forme d'éditos ou d'interventions présentées lors d'une rencontre du parti, une session du Comité central ou de rapport présenté à un congrès national du parti, reflétaient une cohérence de la pensée et une vision optimiste de l'avenir. Cette cohérence s'exprimait dans la manière de traduire les valeurs qu'il porte, dans des comportements et gestes politiques. Son patriotisme se nourrissait d'un internationalisme de conviction. Jamais, il ne fit de son adhésion au mouvement ouvrier international une clôture dogmatique, ni des principes du socialisme un corpus figé. Son apport intellectuel, illustré par le concept de Révolution nationale démocratique comme voie spécifique de transformation démocratique du pays, est dans ce sens indéniable. Il prend aujourd'hui toute son actualité avec l'expérience de refondation du contrat politique et social autour de la nouvelle constitution. Il mena avec persévérance le combat d'unification des forces du progrès dans le pays comme seule issue pour assurer au pays une transition sereine et efficiente. Il éduqua les militants autour du principe, quasiment sacralisé, de l'unité syndicale de la classe ouvrière. En tant que parlementaire, il développa une nouvelle manière de vivre l'acte de députation qui ne dépend plus du nombre mais de l'abnégation et de l'intelligence politique. Il était un brillant orateur, à la fois éloquent et profond et qui ne manquait pas, à l'occasion, d'humour. Son parcours et son apport ne peuvent être réduits à des fragments. Ils ont marqué l'histoire du pays, ils ont écrit des pages glorieuses de l'histoire du parti. Le leader est désormais un symbole. Notre dette intellectuelle à son égard est immense. La meilleure façon d'honorer cette dette est de donner de nouveaux prolongements à son héritage ; de lui dire «Merci Si Ali, repose en paix» !