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Saints de Marrakech #7 : L'Imam Souhaili, érudit non voyant et poète à la cour almohade
Publié dans Yabiladi le 01 - 03 - 2019

Poète hors pair et figure du soufisme de l'Occident musulman, Aboulqassim Abderrahmane n'imaginait pas que la vie lui sourirait enfin, cinquante ans après lui avoir ôté la vue. Ce natif d'Andalousie deviendra ainsi, pour une courte période, l'érudit et savant de la cour almohade du sultan Abou Yacoub Youssouf, avant de décéder trois ans plus tard.
Avant de devenir l'un des Sept Saints de Marrakech, Aboulqassim Abderrahmane Ben Abdellah Ben Al Khatib Souhaili était un chercheur en linguistique. Originaire de la tribu arabe Khat'âm, il est né dans un village proche de Malaga à Al Andalous en 508 de l'hégire, correspondant à l'an 1114 de l'ère contemporain. Originaire d'une famille d'érudits célèbres, il verra le jour dans une région à proximité de l'actuelle Fuenjerola, sous le contrôle de la dynastie des Almoravides.
Les récits contant son histoire s'accordent à dire qu'Abderrahmane Souhaili a perdu la vue à l'âge de 17 ans à cause d'une maladie. «L'homme a su défier, avec un courage qui frisait l'arrogance, son handicap, pour devenir l'un des plus illustres savants de l'ère médiévale», raconte-t-on dans «Condicha, la comtesse de Marrakech» (Editions Société des Ecrivains, 2012) de Bouih El Barhoumi Elidrissi. Il apprendra donc le Coran grâce à son père avant de partir à Cordoue, Grenade et Séville pour côtoyer les oulémas de l'Andalousie.
Spécialiste des sciences, de la recherche et des études en littérature arabe et islamique, les disciples et les savants qu'Abderrahmane Souhaili a formés en Andalousie se comptent par centaines parmi les plus célèbres de son époque, à l'instar d'Ibn Dahya El Kalbi, né à Valence et mort au Caire, qui deviendra à son tour l'un des érudits de l'époque en Egypte.
Une consécration avant la fin de ses jours
Malgré sa «gloire scientifique», avec le nombre important d'étudiants et de savants qu'il côtoyait, Abderrahmane Souhaili passera la majorité de sa vie dans «la pauvreté et l'indigence». Une situation qu'il gèrera «avec dignité et fierté certes, mais avec une amertume qui ne manqua pas de se répercuter sur son œuvre littéraire et surtout sur ses poèmes». Ainsi, aux côtés de ses connaissances sur les Hadith, la vie du prophète Mohammed et en langue arabe, Souhaili était surtout un poète «hors pair» de son époque. D'ailleurs, c'est ce côté qui le distinguera des autres six patrons de Marrakech.
Le mausolée est situé près du cimetière portant le nom de l'érudit andalous. / Ph. Médi1 Tv
Et sa consécration n'interviendra que vers la fin de sa vie. Après avoir rédigé plusieurs ouvrages, dont «Raoud El Onouf», le plus célèbre, Abderrahmane Souhaili attire enfin l'attention du sultan almohade Abou Yacoub Youssouf. Selon un article de Jamal Bami, paru dans la revue Oloum Wa Omran, l'imam Souhaili étant l'un des défenseurs des Almohades, est appelé vers 579 de l'hégire, correspondant à l'an 1182 du calendrier grégorien par le sultan pour venir s'installer à Marrakech. Abou Yacoub Youssouf enverra même un bateau pour transporter l'érudit vers le Maroc et une caravane pour l'accueillir et l'escorter jusqu'à la capitale almohade.
Le deuxième calife de la dynastie almohade était connu pour avoir instauré un conseil des oulémas qui accueillit les plus célèbres érudits de l'Andalousie et de l'empire chérifien, qui participaient à l'approfondissement de la réflexion, l'enrichissement du débat et l'amélioration des niveaux éducatifs du Maroc. Oloum Wa Omran cite, outre Abderrahmane Souhaili, Ibn Tufail et Ibn Rushd.
L'auteur d'un poème devenu une prière des Marocains
Souhaili s'installe donc à Marrakech mais n'y restera que trois ans environ avant de tirer sa révérence. Il décède dans la cité ocre, capitale des Almohades, et y est inhumé. La dynastie en place lui consacre alors un mausolée à Bab Er-Rob. Françoise Legey raconte dans son livre «The Folklore of Morocco» (Editions G. Allemn & Unwin, 1935) que Souhaili a été spécialement inhumé à l'extérieur d'une muraille de la cité ocre «parce qu'on pensait qu'en l'inhumant à cet endroit, ce dernier deviendrait fleurissant».
Même sous les Alaouites, l'Imam Souhaili est distingué par le sultan Moulay Ismail qui lui accorde la position de «Khatam» dans le pèlerinage des Sept Saints de Marrakech. D'ailleurs, sur ce point, on raconte dans l'ouvrage «Condicha, la comtesse de Marrakech» : «Le khatme, ou aboutissement au mausolée de cette grande figure du soufisme de l'occident islamique, constitue la boucle, ô combien symbolique, du périple annuel des visites des mausolées des Sept Patrons de Marrakech
Mausolée d'Abderrahmane Souhaili. / Ph. DR
Mais la deuxième distinction d'Abderrahmane Souhaili, «qui s'est vu consacrer pour l'éternité, le titre d'Imam», est son «poème qui le rendit célèbre parmi les marabouts et les grands soufis de ce pays» :
«Ô toi qui vois au fond des esprits!
Et qui entends!
Tu es l'instigateur de tout ce qui est supposé
Ô toi qui l'on invoque à l'occasion de toutes les misères!
Ô toi à qui l'on se plaint, à qui l'on se réfère!
Ô toi chez qui tous les trésors dépendent du mot sois!
Couvre-nous de tes bienfaits, ils t'appartiennent en totalité
Je n'ai que ma pauvreté pour me rapprocher de toi
Et c'est par l'indigence que je t'oppose ma pauvreté.»
Le célèbre poème de l'Imam Souhaili
Ce texte est considéré, encore aujourd'hui, comme une prière que l'on répète à toutes les occasions religieuses pour s'approcher de Dieu et demander sa miséricorde. Un poème qui est aussi «réputé pour soulager les misères des déprimés et aider à exhausser les vœux des désespérés».


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