Sidi Souheil L'Imam Souheil né près de Malaga est connu pour sa poésie soufie et son ouverture d'esprit à un moment de forte censure religieuse. Ce vieil érudit fut ramené d'Espagne par Yacoub El Mansour. Il a rédigé deux chefs-d'œuvre : l'un sur les noms propres des prophètes cités dans le Coran, l'autre sur la biographie de Sidna Mohammed. Ce saint homme eut une vie simple et finit ses jours à Marrakech où il mourut en 1186. Il est enterré près de Bab Robb. Les étudiants n'ayant pas de mémoire se recueillent souvent sur sa tombe. Sidi Ben Abdallah El Ghazouani Sidi ben Abdallah El Ghazouani, dit Moul El Ksour, est originaire de la tribu berbère de Ghomara. Il a consolidé le renouveau soufi initié par Sidi Ben Slimane. Après avoir poursuivi ses études à Fès puis à Grenade, il s'installe à Marrakech pour compléter sa formation auprès de Sidi Abdelaziz Tabaa. Sa réputation ne tarde pas à porter ombrage au sultan Sidi Mohamed Cheikh, qui l'incarcère a Marrakech. Le sultan watasside le libère et crée à son intention une Zaouïa à Fès, afin de l'éloigner et de l'isoler. Mais très vite, le saint homme revient à Marrakech. Il y fonde une Zaouïa dans le quartier d'El Ksour. Décédé en 1528, il est enterré non loin de la Mosquée Mouassine. À la suite de différends avec le sultan mérinide, il avait prédit la fin de la dynastie. Sidi Abdelaziz Tebaa Sidi Abdelaziz Tebaa, marchand de soie à Fès, s'intéressa tardivement à la vie spirituelle. Principal disciple de Sidi Ben Slimane et héritier de Sidi Ben Soulayman Al Jazouli, il propagea l'éthique soufie dans les milieux des corporations d'artisans. À Marrakech, il s'installa à la Mosquée Ben Youssef près de laquelle il est enterré. Il est mort en 1508. Al Imam Al Jazouli Né dans la région du Souss, Sidi Mohammed Ben Soulayman Al Jazouli s'inscrit à la Médersa de Fès où il excelle dans les hadiths et l'exégèse. Il est au Xvème siècle le fondateur du soufisme marocain en vue d'une mobilisation contre l'invasion ibérique. Fer de lance de la guerre sainte contre les Portugais et homme politique influent, il attire des milliers de fidèles ; son pouvoir réputé occulte effraie même le sultan. Il meurt en 1465 (870 de l'hégire) à Jazoula (environs d'Essaouira). Son corps est transféré à Marrakech. Il est l'auteur du célèbre recueil de prières « Dala'il al-Khayrat » (les chemins des bienfaits). Ce livre historique est la référence incontestable de tous les invocateurs de grâce sur le prophète, des confréries soufies à travers le monde notamment la Tariqa Qadiria Boutchichia. Le mausolée date de l'époque saadienne. Il a été remanié fin XVIIIème siècle. La zaouïa Jazoulia se trouve au nord de la médina, à proximité de la rue Dar-el-Glaoui. Sidi Bel Abbas Sebti Des sept saints, Sidi Bel Abbas est incontestablement le plus vénéré de la ville. Né à Sebta en 1145, il vient à Marrakech à l'âge de 20 ans. Il s'installe sur la colline de Guéliz près d'une source d'eau proche d'une grotte. Il y vit pendant 40 ans, sans jamais pénétrer dans la ville. La célébrité de ce prêcheur libre est telle que Yacoub El Mansour l'invite à enseigner, un devoir pour lequel il renonce à sa vocation d'ermite. Disciple de Cadi Ayyad, il passe sa vie à soigner et défendre les faibles et les aveugles. Le Calife Abdelmoumen venu lui rendre visite l'entendra dire: « Tout ce que tu veux qu'on fasse pour toi, fais-le pour tes sujets ». Sidi Bel Abbas meurt en 1205. Mais c'est en 1605 que le sultan saadien Abou Faris lui élève un mausolée, dans l'espoir de guérir son épilepsie. Depuis, il n'a cessé d'être l'objet d'attentions de tous les souverains, jusqu'au roi Hassan II qui a fait rénover le sanctuaire en 1998. Sidi Bel Abbas fut l'un des interlocuteurs d'Ibn Arabi. Il se lia aussi d'une grande amitié avec Averroès. Patron de la ville, il est aussi celui du commerce, des guérisseurs des yeux, des passementiers, des savonniers et des ouvriers des pressoirs. Il est enterré au cimetière de Sidi Marouk, près de Bab Taghzout. Sa Zaouïa fait partie du pèlerinage des Regraga, institué par Moulay Ismaïl. Ce Saint des Saints est le plus invoqué dans les actes essentiels de la vie. Les marchands de beignets lui dédient le premier fruit de leur travail, Al Abbassia, les paysans, leur première gerbe de blé. Son évocation précède le rituel de la halqa. Il est évoqué par tous les conteurs de la place Jemaâ el Fna : « Au nom du saint patron de Marrakech- celui qui veille sur la ville-immuable- un pied sur l'autre- et qui ne retrouve sa quiétude que si tout le monde est rassasié- enfant du pays ou visiteur étranger ». Cadi Ayyad Ben Moussa Fils de Ben Moussa Ben Ali, grand Imam de Sebta, Sidi Ayyad est nommé Cadi de Grenade. Il est le plus célèbre des doctes du malékisme en Occident musulman. À l'avènement des Almoravides, il connaît l'exil à Tadla puis à Marrakech où il vivra jusqu'à sa mort en 1149. Son amour du Prophète exprimé dans son ouvrage « Al-Chifaa » et sa rigueur orthodoxe lui valent son titre de saint. Il est enterré dans le vieux marabout près de Bab Aïlen. Sidi Youssef Ben Ali D'origine yéménite, il fut le brillant élève du Cheikh Ben Asfour à Marrakech. Atteint de la lèpre, il passa sa vie dans la léproserie située à Bab Aghmat. Bien qu'atteint de cette terrible maladie, il garda jusqu'à sa mort en 1196 une foi inébranlable. Il s'est vu consacrer un édifice pour lui seul: la mosquée Ben Youssef. À l'origine almoravide, elle fut le sanctuaire central de la médina pendant plus de 4 siècles, jusqu'à la création de la mosquée Mawâssîne. Elle a été restaurée et modifiée au XVIème siècle, puis au début du XIXème siècle. Aujourd'hui, il ne reste presque rien de l'édifice initial. Sidi Youssef Ben Ali mourut en 1196 (593 de l'hégire). Son mausolée fut édifié par le sultan saadien Moulay Abdallah. La zaouïa se situe face à Bab Aghmat. On l'appelait Sidi Youssef l'éprouvé en raison des souffrances qu'il avait subies. Il récitait d'ailleurs souvent à voix basse le poème suivant : « Dieu, dissipe les soucis Dieu, propage la lumière Dieu, protège les faibles Dieu, pardonne toujours et partout Dieu ne vous abandonnera point ». Les Sept Saints de Marrakech occupent une place essentielle dans l'histoire, la vie, la culture et l'imaginaire de la ville. Les sept tours construites en 2005, à Bab Doukkala, en sont une parfaite illustration.